COLLECTION
DES
VASES GRECS
DE M. LE COMTE DE LAMBERG.
TOME PREMIER.
DES
VASES GRECS
DE M. LE COMTE DE LAMBERG.
TOME PREMIER.
Accipe non vili calices
de pulvere natos.
Mart., Lib. XIV, Ep. 102.
Mart., Lib. XIV, Ep. 102.
Collection de vases grecs
de Mr. le Comte de Lamberg (Band 1)
Des planches aux couleurs cybernétiquement restaurées et
du texte au format numérique par Artur José Felisberto.
INTRODUCTION
Qu'y a-t-il de plus sage que le temps ? dit Plutarque [1]: c'est lui qui
découvre, et qui découvrira tant de choses. Or, parmi ses prodiges de conservation
et de durée, ne doit-on pas compter ces précieux vases d'argile qui, au bout de
trente siècles, ont survécu aux monuments les plus durables; qui, protégés par
des tombeaux, ont échappé à la destruction dans le séjour même de la mort. Le
temple des géants s'est écroulé, ses ruines même ont disparu, et non loin de
leurs débris on retire de la terre des restes fragiles de Pindustrie des
hommes, qui présentent des tableaux aussi purs, des inscriptions aussi
lisibles, que dans les temps inconnus où ils furent fabriqués. Le danger ne
commence pour ces précieux monu- ments qu'au sortir de leur demeure
souterraine, et la destruction qui les menace dans nos habitations doit engager
à les rendre éternels par le moyen de la gravure. D'ailleurs, l'élégance de
leurs formes, la beauté de leur matière, les sujets qu'ils représentent,
forment une étude inté- ressante pour l'historien, le peintre, et l'antiquaire.
C'est par les vases que l'on peut véritablement connoître l'état de l'art chez
les Grecs, comme on juge du talent de nos grands maîtres par leurs moindres
dessins. Si les peintures des vases netoient point toutes l'ouvrage d'artistes
distingués, elles étoient au moins la copie de tableaux célèbres retracés par
des mains habiles: par elles se trouvent conservées des fables inconnues, des scènes
mystérieuses dont aucun auteur n'a fait mention; elles servent également à
éclaircir des passages obscurs de ces mêmes auteurs, et à expliquer des
événements que l'on ne connoissoit qu'imparfaitement. L'intérêt que
présentèrent ces monuments, dès les premiers temps de leur découverte, donna
lieu à la publication de plusieurs grands ouvrages [2]
destinés à les faire connoître; mais une erreur s'introduisit à cette époque,
et se propagea pendant long-temps. Par une fausse interprétation de plusieurs
passages de Pline et de Martial, où il est question des vases d'Arezzo [3],
on attribua exclusivement les vases peints aux Etrusques; on alla même jusqu'à
prétendre que ces vases ne se trouvoient que dans les pays jadis habités par
les Etrusques ou les Thyréniens, tandis qu'au contraire leur véritable patrie
est la grande Grèce et la
Sicile, où les Etrusques pénétrèrent à peine.
La même erreur, qui
prévalut sur le pays de ces vases, eut lieu pour les sujets qu'ils représentent:
Passeri [4]
n'y voyoit que des noces, des préparations aux fêtes nuptiales, ou des cérémonies
secrètes des mystères qui navoient guère pu être ainsi retracées [5];
Italinsky, qui vint après, passant d'un excès à l'autre, chercha dans les moindres
figures quelque trace de l'histoire des républiques de la Grèce, et tomba dans des
conjectures hors de toute vraisemblance; d'Hancar- ville, moins téméraire ou
plus adroit [6], n'osa pas se prononcer:
et en effet, son ouvrage, quoique très précieux pour la multitude des sujets
qu'il renferme, ne contient rien qui tende à éclaircir les faits. C'est aux
savants de nos jours à qui appartient la véritable critique de ces monuments; Winkelmann
[7],
Lanzi 5[8],
Boettiger 6[9], Visconti 7[10],
et dernièrement Millin 8[11]
dans le bel ouvrage de M. de Maisonneuve, ont beaucoup avancé la connoissance
de cette branche importante de l'antiquité. Venus après ces savants, notre
tâche sera plus facile pour l'explication de tous les sujets qui ont quelque
analogie avec ceux qu'ils ont expliqués, plus difficile pour tous ceux qui s'en
éloignent, parceque nos incertitudes contrasteront davantage avec des
conjectures plus heureuses. Quoi qu'il en soit, nous nous permettrons d'exposer
notre opinion avec franchise, et peut-être réussirons-nous à porter quelque
nouvelle lumière dans cette carrière obscure. La science de l'antiquité
consiste dans une suite continuelle d'observa- tions, qui s'appuient l'une par
l'autre; la découverte de chaque monu- ment vient ajouter un anneau à cette
chaîne non interrompue; et il arrive un moment où l'on peut envisager dans son
ensemble une branche entière de la science, et la classer avec méthode sans
craindre d'être démentie par les découvertes postérieures. Nous sommes
peut-être arrivés à ce point pour l'explication des vases peints, et
l'observation suivie de ces monuments permet de les diviser en deux classes
distinctes, du moins quant aux sujets qu'ils représentent. La première comprend
les sujets ayant rapport aux anciens mystères , aux jeux et aux exercices gymnastiques
qui en faisoient partie, aux expiations, purifications, bacchanales, et à cette
foule de pratiques secrètes appartenantes au culte de Bacchus, de Proserpine,
de Cérès, et de Vulcain. La seconde comprend les peintures relatives aux temps héroïques
ou fabuleux de la Grèce,
tels que les travaux d'Hercule, les exploits de Thésée, de Pirithoùs et de
Bellérophon, la conquête de Jason, la guerre des Amazones, le siège de Troie, les
combats des Centaures, et par suite de ces événements les sujets mythologiques,
et les apothéoses qui y ont rapport. On n'y voit jamais de sujets appartenants
à l'histoire connue de la Grèce,
malgré l'opinion de M. Italinsky. En effet, telle est l'imagination des hommes
qu elle aime à se créer une origine brillante, et autant par jalousie de ses
compatriotes que par une sorte de mépris pour le temps où l'on vit, on veut
remonter à une époque plus reculée, et ne se permettre d'admiration que pour
les événements étrangers à la situation présente. Les Grecs, dont l'histoire étoit
une suite continuelle de hauts faits, ne se sentoient point inférieurs à leurs
pères; ils se seroient trouvés humiliés de leur rendre un hommage trop
éclatant; ils avoient besoin de porter plus haut leur culte, et de se composer
une histoire primitive dont les héros fussent supérieurs à l'humanité, et
dignes d'être réunis aux dieux mêmes. De là ces temples, ces statues, consacrés
à des mortels courageux, dont les prouesses se trouvoient retracées sur les
monuments, et mêlées aux récits des historiens les plus graves [12].
L'importance que les Grecs donnoient à la connoissance des mystères provenoit d'une
cause à peu près semblable: les divinités populaires chez eux, telles que
Jupiter, Junon, Mars, Neptune, représentoient bien pour la classe commune des
divinités réelles; mais pour les gens instruits, elles désignoient seulement
les différentes puissances de la nature, le principe des choses, et l'ensemble
de l'univers [13]. Différents en cela des peuples
modernes, qui soumettent les objets physiques à la théologie, les anciens
cherchoient leur culte dans le système général du monde [14],
et dans l'observation des lois de la nature. La philosophie avoit précédé chez eux
la religion, et devoit lui survivre, parceque celle-ci ne consistoit que dans
des images et des noms. Cette philosophie secrète, et qu'il eût été dangereux
d'apprendre au peuple [15]
ou aux enfants, comme le dit S. Augustin, formoit le fond des mystères et des
secrets qui étoient révélés aux initiés. A peine les jeunes gens avoient-ils
revêtu la robe virile, que leurs pères s'empressoient de les faire participer à
ces connoissances importantes, qui seules les rendoient dignes d 'occuper un
rang distingué dans la société: c'est par là qu'ils apprenoient les traditions
mystiques transportées d'Egypte en Grèce par les premiers législateurs [16],
par les conquêtes de Sésostris [17],
et les préceptes d'Orphée [18];
traditions qui renfermoient l'origine du pouvoir religieux, les idées
primitives sur la naissance du monde, sur le sort des ames après la mort, et
principalement sur les avantages et les récompenses de la vertu. A ces notions
se mêloient l'explication du culte des Cabires, des Dioscures, des dieux de
Samothrace, l'histoire des Pelasges, etc.
Au plaisir naturel à
l'homme d'être instruit des choses secrètes, se mêloit, pour les initiés, une
sorte d'orgueil que leur donnoit la supériorité qu'ils acquéroient par là sur
les autres hommes, et la satisfaction plus grande encore de parvenir à une
haute perfection. En effet, avant de participer aux mystères, il falloit
prouver qu'on n'avoit jamais commis de crimes, que l'on avoit vécu avec
honneur, et que le cœur n'étoit accessible à aucune passion honteuse [19]:
les lumières qu'on recevoit tendoient encore à élever l'ame, à rectifier le
jugement, à diriger le cœur vers des actions louables, et à donner, pendant
cette vie, l'espoir d'une vie plus heureuse encore [20].
Le bonheur des initiés est peint par les anciens, comme celui des élus l'a été
depuis parmi nous [21].
Qui pourra s'empêcher, dit Proclus [22],
de convenir que les mystères et les initiations ne retirent les ames de cette
vie matérielle et mortelle pour la réunir aux dieux? Le soleil luit pour nous
seules, chantoient, les bacchantes [23];
nous qui, admises aux mystères, observons les règles de la piété dans notre
conduite avec les étrangers et avec nos conci- toyens. On conçoit que de
pareils souvenirs fussent chers aux initiés, et qu'ils aimassent à en posséder
l'image dans leur demeure: aussi les vases paroissent-ils leur avoir été
spécialement consacrés; ils étoient sans doute donnés en présents aux jeunes
gens par leurs parents au moment où ils subissoient les différentes épreuves et
avançoient dans les grades de leur initiation : ces présents étoient semblables
aux étrennes que l'on donne aux enfants et aux prix qu'on remporte au collège.
Ces vases ne servoient à aucun usage domestique, c'est pourquoi ils nous
parviennent dans une si belle conservation : ils étoient gardés soigneusement
dans quelque partie retirée des édifices pendant la vie des initiés, et déposés
dans leur tombeau à leur mort, comme la chose la plus précieuse qui pût leur
appartenir, et une sorte de secret qui devoit mourir avec eux. En effet, la
plus grande partie de ces vases représentent des scènes relatives aux mystères,
non sans doute les plus secrètes, puisqu'il étoit défendu de les révéler [24],
mais celles qui se trouvoient y avoir un rapport immédiat, et que les profanes
même connoissoient [25];
telles que les purifications qui précédoient ou suivoient [26]
toutes les cérémonies et les actions importantes [27]de
la vie; telles que la présentation aux hiérophantes, et l'introduction dans le
sanctuaire, qui me semblent exprimées par les figures à manteau, sur lesquelles
on a fait tant et de si inutiles conjectures [28].
Cette opinion permet plus qu'aucune autre de trouver un rapport entre les revers
des vases et leur sujet principal; elle explique les différentes attitudes de
ces figures singulières, les raisons pour lesquelles on leur voit souvent à la
main des thyrses, des œufs, symbole de la pureté dame que Ton devoit apporter
aux mystères, et qui ne peuvent avoir rapport à d'autre sujet. Cette opinion se
trouve fortement appuyée par plusieurs vases de la collection que nous
publions, et nous aurons occasion de la développer dans le cours de cet
ouvrage. Les vases sont peints de plusieurs manières qui caractérisent leur
degré d'ancienneté; ceux qui paroissent remonter aux siècles les plus éloignés,
soit par la roideur de leur contour, soit par la simplicité de leur action, ont
un fond clair, et les figures peintes en noir; le trait des vêtements, des
armures, est exprimé légèrement avec la même couleur qui forme le fond du vase:
quelquefois ces traits sont blancs, et alors les chairs et différentes parties
des ornements le sont également. Souvent le fond du vase est noir, et une
partie seulement est réservée en clair; les figures sont alors tracées en noir
sur cette partie réservée. Cette espèce de vase est fort rare, et même dans la
belle collection que nous publions on en voit peu: ceux que nous regardons comme
les plus anciens, après ceux-ci, sont les vases à fond noir, mais dont les
figures sont peintes de diffé- rentes couleurs, et ont entre autres des teintes
de pourpre tirant sur le violet que l'on remarque fréquemment sur les vases à
fond clair. Après ces vases ainsi bariolés, et qui sans être d'un contour très
pur sont en général intéressants pour les sujets qu'ils représentent, viennent
les vases les plus nombreux, c'est-à-dire ceux à deux couleurs seulement, et
dont le noir fait le fond. Parmi ceux-ci se rencontrent les peintures les plus
parfaites; il est quelques uns de ces vases dont la légèreté est inconcevable,
le vernis superbe, le contour des figures d'une hardiesse et d'une expression étonnantes:
mais il en est d'autres, et le plus grand nombre, d'un travail fort grossier;
ces derniers, qui montrent ou la décadence de cet art, ou la médiocrité des
fabriques auxquelles ils appartenoient, sont formés d'une sorte de pâte
épaisse, peinte avec négligence et incorrection: ils ne repré- sentent plus de traits
d'histoire ou de mythologie, mais de simples orne- ments avec quelques figures
ayant rapport aux fêtes de Bacchus; plus souvent des enroulements communs avec
des têtes au milieu, ou quelques animaux. Nous nous étions proposé de classer
suivant cet ordre la col- lection que nous publions, mais nous y avons trouvé
beaucoup d'in- convénients; d'abord celui de fatiguer le lecteur par une suite
de tableaux sévères des premiers temps, et en second lieu de fixer, sans aucune
cer- titude, une époque à des monuments sur lesquels on n'a que des notions bien
vagues. En effet, les règles que nous venons d'indiquer, pour classer les
vases, sont loin d'être absolues, attendu le changement qu'éprouvoient les
différentes fabriques, et la nature des ouvrages qu'on y exécutoit ; il est
vraisemblable qu'on fabriquoit en même temps de très belles choses à côté
d'autres fort communes, destinées à être vendues à des personnes moins riches :
quelquefois on trouve dans le même tombeau de très beaux vases et d'autres fort
inférieurs, qui sans doute avoient été des présents donnés par des personnes
subalternes. Sans prétendre donc établir pour les vases une chronologie bien
exacte, nous nous bornerons à faire remarquer à chacun les signes qui
caractérisent leur plus ou moins d'antiquité.
Le travail de ces vases
se faisoit très rapidement, et c'étoit là sans doute le principal talent des
artistes qui se consacroient à ce genre de peinture. On remarque dans tous,
même dans les plus mauvais, une grande franchise, et ce qu'on appelle des
traits au premier coup: il paroît même que les artistes ne cherchoient point à
se corriger quand ils avoient fait un trait incorrect; ou ils le laissoient
subsister, ou ils en ajoutoient simplement un autre à côté, qui étoit suivi par
la personne chargée de faire les fonds; c'est ce qu'on remarque dans plusieurs
vases, où le premier contour a été recouvert. Les incorrections proviennent
donc principalement de cet artiste secondaire qui terminoit l'ouvrage, ou de
l'action du feu qui faisoit déborder la couleur. Il est vraisemblable que la
couleur noire étoit toujours superposée, même dans les vases à fond clair, et rien
n'annonce qu'on se servît pour cela de découpures, comme l'avoient pensé
plusieurs savants. Les premières
collections qui furent publiées furent celles du chevalier Hamilton; car je ne
regarde pas comme collection les vases que l'on rencontre dans Dempster,
Caylus, Gori, Montfaucon, Winkelmann, et même Passeri. Les deux ouvrages
d'Hamilton attirèrent l'attention des savants et des hommes de goût: mais le
premier ne satisfît pas sous le rapport de l'exactitude des couleurs et de la
pureté du dessin; l'autre, gravé par M. Clener, artiste habile, tombe peut-être
dans l'excès contraire; il est souvent au delà de cette même pureté, et donne
une idée fausse de la plupart des vases en les embellissant. On pourroit
peut-être faire le même reproche à l'ouvrage de M. de Maisonneuve, que le même
Clener a gravé en entier: cet artiste a un talent particulier pour ce genre de travail,
son burin a une singulière pureté, et il donne à ses figures une grâce et une
expression remarquables; mais son goût pour le style pur et pour le beau l'entraîne
quelquefois trop loin: en lui donnant à graver la plus grande partie de notre
collection, nous avons exigé de lui une extrême fidélité, et il n'a pas eu de
peine à s'y astreindre ayant des dessins exacts sous les yeux. Il existe encore
plusieurs collections inédites en Europe, telles que celles de Vivenzio à Nola,
de MM. Tochon et Alquier à Paris, de M. Hope à Londres, celles des cabinets de
Dresde, de Vienne, etc.; mais il n'en est aucune aussi considérable, aussi
riche, et aussi intéressanté que celle du comte de Lamberg.
Ce seigneur étoit
ambassadeur à Naples en même temps que le chevalier Hamilton, et partageoit sa
passion pour ces sortes de monuments; il fit même entreprendre plusieurs
fouilles à ses frais, et réunissant à ce qu'il avoit acquis, beaucoup de vases
magni- fiques qui lui furent donnés en présent par la reine de Naples et par l'empereur
Joseph, il composa une collection de plus de cinq cents vases, tous curieux
sous quelque rapport, et importants par leur réunion. Les comtes de Lamberg
sont fort anciens; ils ont fourni à la monarchie autrichienne un grand nombre
de militaires et d'hommes d'état distingués. Aux vertus de ses ancêtres, le
comte de Lamberg actuel joint un goût éclairé pour les arts; une partie de sa
fortune et de son temps leur est consacrée: son cabinet de tableaux et de
dessins est fort important; mais ce qu'il a soigné de préférence est la belle
collection de vases qu'il nous a permis de publier. Les soins qu'il apportoit
lui-même à suivre les fouilles, près de Naples, lui ont fait faire plusieurs
observations curieuses. Un savant qui raccompagnent, et qui participoit à ses
travaux, M. l'abbé Mazzola, a bien voulu réunir les principales de ces
observations, et nous les communiquer sous la forme d'une lettre: nous pensons
que le lecteur nous saura gré de les lui faire connoître.
Monsieur,
En causant dernièrement ensemble sur les
vases, communément appelés étrusques, nous étions du même avis que leur
antiquité devoit être très reculée, puisque, selon Suétone et quelques autres, ils
étoient déjà du temps des Romains des objets rares et curieux-, et cela est
d'autant plus probable qu'il ne s'en est pas trouvé de fragments dans les cités
de Stabia, Pompeia, et Herculanum, toutes villes détruites du temps de Pline:
on n'en rencontre même point dans les nombreuses fouilles faites soit à Rome,
soit dans les campagnes environnantes. Mais je pense que ces sortes de vases
sont encore plus anciens qu'on ne le croit communément, d'après ce que j'ai vu
et observé dans les fouilles qu'a fait faire M. le comte de Lamberg, dans le
voisinage de Nola, lorsqu'il étoit ambassadeur d'Autriche à Naples, et particulièrement
dans les années 1783 et 1784, j'en concluois, comme j'ai eu l'honneur de vous
le dire, que ces monuments étoient antérieurs à la prétendue existence
d'Homère, c'est-à-dire qu'ils remontoient à plus de trois mille ans, et cela en
calculant la profondeur où ils se trouvent, et surtout la variété des
différentes couches de terre à travers les- quelles on doit passer pour arriver
à l'endroit où sont enterrés les morts, et auprès d'eux les vases.
Quelques unes de ces couches sont
postérieures à l'inhumation des cadavres, et conséquemment bien des siècles
avant Homère: quand ce poète parle de la Campagna felice, il la cite comme un pays très
fertile, et tous ceux qui en ont parlé depuis ont dit la même chose. Si donc
depuis le temps d'Homère jusqu'à nos jours la Campanie a toujours passé
pour un pays fertile, il en résulte la con séquence que le sol que nous
habitons est absolument le même que celui que Ton habitoit et que l'on
cultivoit du temps de ce poëte.
Mais, cependant, depuis l'inhumation des
morts avec leurs vases, il paroît qu'il a dû arriver dans la plaine de cette
province une révolution telle qu'elle est devenue pendant long-temps stérile et
inculte, et cela certainement bien des siècles avant Homère,
quoiqu'aucune tradition historique ne nous parle d'une pareille stérilité:
voici sur quoi je fonde cette conjecture. J'ai dit plus haut que pour arriver
où se trouvent les vases, on doit traverser divers lits de terre: le premier a
environ cinq palmes napolitains de haut (ces mesures ont été prises à l'œil);
il est de terre noire, végétale, et très fertile. Celte couche de bonne terre
étant enlevée, on trouve une seconde couche de deux palmes de haut environ de
terre blanchâtre, appelée par nos paysans terra
maschia, qui est un composé de terres sablonneuses et de très petits fragments
de pierre ponce; cette couche est tellement dure, compacte, et solide, qu'elle
se creuse avec peine, qu'elle est impénétrable à l'eau, et qu'elle sert à
établir les fondements de nos édifices. Cette couche-là levée, on en découvre
une troisième, de trois palmes, de terre noire, excellente, et d'une qualité
aussi bonne que la terre de la première couche-, c'est au dessous de cette troisième
couche que l'on trouve les squelettes des morts entourés de vases. Cette troisième
couche est vraisemblablement celle qui étoit habitée et cultivée par les peuples
qui avoient coutume d'ensevelir leurs morts avec les vases en question; et les
deux couches précédentes et supérieures, c'est-à-dire celles de terra maschia
et de la bonne terre que nous habitons actuellement, se seront formées postérieurement
à l'enterrement des morts. Toutes ces couches, sans interruption aucune,
forment la plaine de la campagne heureuse. La couche de terra maschia est stérile au point qu'en faisant des fouilles nos
paysans font attention de ne point la mêler avec la bonne terre pour ne point diminuer
pour quelque temps sa fertilité. Il me paroît donc hors de doute qu'aussitôt
après la formation de ce lit par alluvion (comme je le crois), ou par toute autre
cause, la plaine de cette province a dû pendant des siècles devenir
inhabitable, inculte, et stérile, jusqu'à ce que la terre végétale, dont nous
jouissons à présent, se soit formée sur une hauteur suffisante; il a fallu sans
doute plus d'un siècle pour en former un seul pouce: aussi le sol de la terre
ne s'est-il pas élevé de plus d'un pied et demi depuis le temps des Romains
jusqu'à nous, puisque les fondations de leurs édifices reposent sur les mêmes
bases que les nôtres. Considérez, d'après cela, combien de siècles ont dû
s'écouler jusqu'à ce que le lit de la terre que nous habitons se soit formé:
assurément cette époque surpasse de bien long-temps l'antiquité homérique.
A cette antiquité antérieure au temps
d'Homère, on pourra m'opposer la quantité de sujets retracés dans les chants de
ce poète, et représentés sur les vases ; mais il faudra me prouver d'abord que
la mythologie d'Homère étoit une invention de son génie et ne provenoit pas de
tradition encore plus ancienne. Homère en effet ne fit autre chose que de
réunir les idées mythologiques qui étoient reçues de son temps, ainsi que les
finis des héros plus anciens; il les orna de descriptions poétiques, les
habilla à sa manière, et leur donna une forme et une vie nouvelles, comme le
font encore les poètes de nos jours. D'ailleurs, combien de sujets se trouvent
représentés sur les vases, et dont Homère ni d'autres écrivains ne font point
mention; comme, par exemple, le combat de Neptune avec Ephialtès, que j'ai eu
l'honneur de vous faire voir, et qui fait partie de la collection de M. le
comte Lamberg. Qui auroit jamais pu deviner ce sujet, si les noms de Poséidon
et Ephialtès ne s'y trouvoient écrits? Ce sujet devoit cependant avoir quelque
célébrité dans le temps où l'on fabriquoit ces vases, puisqu'il se retrouve sur
un autre vase de la même collection, quoique traité différemment-, ce second
Neptune est revêtu d'un habit court, tandis que le premier porte la tunique
longue, tunica talaris. J'ai dit, je crois, que le lit de terra maschia s'est
formé par le séjour de l'eau, et ce qui le prouve, c'est que ce lit se trouve
étendu également sur toute la plaine de la province, et qu'il n'existe point
sur les montagnes, comme j'ai eu occasion de l'observer dans les fouilles
faites à Avilla, à une demi-poste de Nola. Ce lit ne peut provenir d'explosions
volcaniques; car alors il ne seroit pas égal partout, et on devroit trouver sur
les montagnes voisines une couche correspondante, tandis qu'au contraire on ne
rencontre au dessous de la terre végétale qu'une couche de pierre ponce qui
correspond au quatrième lit de la plaine, ainsi qu'il existoit sans doute avant
la formation des deux couches supérieures.
C'est ce qui fait que lorsque l'on fouille
pour trouver des vases, si après avoir enlevé le lit de terra maschia, et
découvert la terre végétale, on voit que cette dernière n'est pas mêlée avec
les petites pierres ponces, qui forment le quatrième lit dont nous avons parlé,
il est inutile de poursuivre la fouille, parcequ'on ne trouvera point de
squelettes humains, et conséquemment point de vases, surtout si sous ce lit de
pierres ponces, que Ton sait être une production volcanique, on n'en trouve pas
un autre de pouzzolane [29].
On me demandera, j'imagine, d'où vient que
du temps des Romains ces vases étoient tellement rares qu'ils étoient plus
estimés que les vases murrins, et
qu'à présent ils sont très abondants. Il me paroit facile de répondre pour peu
que l'on fasse attention à la manière de bâtir d'alors: les toits des maisons
étoient couverts de briques de terre cuite, et nous nous les couvrons avec un
composé de pierres ponces et de chaux qui forme un enduit impénétrable à l'eau;
nous nous servons encore de la pierre ponce pour enduire les citernes et les
conserves d'eau, et les Romains, pour pareil usage, se servoient de chaux et de
petits morceaux de terre cuite, comme je l'ai observé dans la piscina mirabile, et dans d'autres
conserves d'eau, et particulièrement dans File de Caprée, où il s'en trouve qui
conservent encore parfaitement l'eau. D'après cela, il paroit que les Romains
ne se sont jamais servis de la pierre ponce, qui, étant devenue pour nous d'une
absolue nécessité, fait que nous l'avons cherchée partout, et que nous avons
découvert en même temps les vases. Dans
les observations précédentes, j'ai omis de vous parler d'aucun tombeau; et en
effet, la plupart des squelettes sont enterrés simplement dans la terre sans
aucune construction. Je n'ai trouvé qu'un seul tombeau construit en petit mur
fabriqué; il étoit suffisamment grand, et dans l'intérieur il avoit un enduit
blanc, excepté du côté où étoit la tête du squelette: on y voyoit une femme peinte
à moitié stature-, elle avoit dans la main une grenade rouge, sa figure étoit
couleur de chair-, fhabit, autant que je puis m'en souvenir, d'un jaune obscur.
Le tombeau renfermoit de plus d'autres pommes de grenade en terre cuite, deux
bracelets de laiton ou de cuivre jaune, que je conserve encore, et quelques
petits morceaux d'ambre percés-, peut-être étoit-ce les fragments d'un collier:
l'enduit étoit extrêmement mou et tendre, et cédoit au moindre toucher. On fit
l'impossible pour conserver cette peinture, mais inutilement, parcequ'à mesure
qu'elle se desséchoit l'enduit disparoissoit, ainsi que les signes des
contours, et il n'y eut pas moyen de faire revivre les couleurs. Dans une autre
fouille, nous trouvâmes une enceinte de muraille construite, et nous en
découvrîmes presque deux toises en carré; elle étoit remplie d'ossements jetés
confusément. Du reste, comme je l'ai déjà dit, on trouve les squelettes
simplement enterrés dans la terre, et les vases sont placés aux pieds, près des
jambes, autour de la tête, et aux côtés.
J'ai encore observé, et cela très souvent,
un petit las de rouille de fer sur les têtes des squelettes, tantôt sur le
front, sur la bouche, ou sur le menton, et je fus long-temps à comprendre d'où
pou- voit provenir cette rouille de fer. En examinant avec plus d'attention un
de ces tas, où le fer n'étoit pas totalement décomposé, je parvins à découvrir
que c'étoit une boucle, et il me vint à ce sujet une idée que je soumets à
votre sagesse.
Comme on l'a vu, les anciens habitants de
cette province enterroient leurs morts purement et simplement dans la terre
sans sépulcre: ne se pourroit-il pas qu'ils les eussent enveloppés d'abord dans
un drap, ou mis dans un sac, dont ils fermoient l'ouverture avec une boucle, et
qu'après avoir étendu le cadavre sur le dos dans la fosse, ils eussent replié sur
la tête toute la partie du sac qui surpassoit la longueur du mort; alors les
sacs ou les morts n'étant pas d'une longueur égale, il en devoit nécessairement
résulter que la boucle devoit tomber ou plus haut ou plus bas que le front.
A Avilla, ou à Santa Agata dei Goti, et
peut-être ailleurs, on ne trouve point de squelettes enterrés dans la terre}
ils sont tous renfermés dans des sépulcres: ces sépulcres sont rarement de
brique ou terre cuite, mais d'une pierre de production volcanique, que nous
appelons piperno ou pierre travertine. A Santa Agata, il arrive souvent,
qu'après avoir enlevé le premier tombeau, il s'en trouve un autre, et puis un
troisième plus avantj de sorte que les ouvriers aux fouilles ont une longue tarière
avec laquelle, après qu'ils ont enlevé le premier sépulcre, ils percent la
terre jusqu'à une certaine profondeur: ne rencontrant aucune résistance, ils
fouillent plus avant- mais si la tarière rencontre quelque obstacle et ne peut
plus s'enfoncer, c'est signe qu'il y a un autre tombeau.
Dans le second volume des oeuvres de
d'Hancarville, sur les vases du chevalier Hamilton, page 55, on voit représenté
un tombeau avec un squelette et un vase. De quel lieu a-t-on pu tirer cette représentation?
Je n'en sais rien-, mais je sais bien que les sépulcres que j'ai vus à Avilla
et à Santa Agata dei Goti n'étoient pas aussi grands-, ils étoient seulement
suffisants pour recevoir de grands vases à campana, qui paroît avoir été la
forme favorite d'Avilla et de Santa Agata. Cette forme de cloche, à ma
connoissance, manque totalement à Nola et à Capoue, où domine au contraire la forme
à lancella, qui présente souvent de très beaux vases, tant par la finesse de
l'argile que pour le vernis et le dessin
Voilà à peu près les observations qu'il m'a été possible de faire sur
les fouilles de Nola et des environsj elles tendent toutes à me persuader que
les vases, communément nommés étrusques, remontent à l'antiquité la plus
reculée, puisqu'on ne trouve ni mémoire ni tradition aucune de l'époque où ils
ont été fabriqués.
Vincenzo MAZZOLA.
Nous laissons aux
physiciens à juger jusqu'à quel point les conjectures de M. l'abbé Mazzola
peuvent être fondées; mais, sans recourir mène à de pareils arguments, il est
impossible de douter que les vases n'appar- tiennent au temps le plus reculé de
la Grèce: ils
ont les mêmes formes que les vases représentés sur les médailles anciennes de
Crotone, de Sybaris, et de Posidonie, et offrent des sujets uniquement pris
dans les traditions historiques ou mythologiques de la Grèce. Les inscriptions
qu'ils portent sont toutes du grec le plus pur, et souvent de cette écriture primitive
qui alloit de droite à gauche, et qui ne se rencontre que sur les plus anciens
monuments. Nous ne nous étendrons pas davantage sur l'origine, la forme, et la
destination des vases, ce sujet ayant été traité avec beaucoup de détail et de
soin par les auteurs dont nous avons parlé, et ne demandant plus que d'être
appuyé par de nouveaux exemples. Sur les cinq cents vases qui composent la
collection du comte de Lamberg, nous avons choisi ceux qui offroient le plus
d'intérêt, soit sous le rapport des sujets qu'ils représentent, soit pour le
caractère du dessin, ou la beauté de la matière et des formes.
La gravure au lavis, qui
n'avoit point encore été employée à la publication de ces monuments, nous a paru
la seule qui puisse en donner une juste idée, et produire cette teinte égale
dans les fonds que Ton ne peut obtenir par les couleurs appliquées à la main.
Les monuments de l'antiquité sont trop précieux pour qu'on ne cherche pas à
retracer leur moindre détail. Puissions-nous avoir atteint ce but, et avoir
mérité d'être imité par les amateurs des arts qui publieront par la suite des
collections encore inédites, et augmenteront ainsi les connoissances déjà
acquises sur cette branche importante de l'antiquité.
DESCRIPTION DES VASES.
PLANCHE PREMIERE.
INTERIEUR DU MUSEE DE M.
LE COMTE DE LAMBERG.
On a souvent remarqué que
l'assemblage de tableaux et de statues dans une même galerie produisoit un
constraste défavorable aux uns et aux autres; comparés involontairement, les
tableaux semblent manquer de relief, les statues de couleur et d'action. Il en
est de même des vases peints, et de toute branche particulière d'antiquité que
l'on voudra confondre avec d'autres; elle perdra cet ensemble, cette idée
d'ordre et de classement qui a toujours de l'intérêt. La collection magnifique
de M. le comte de Lamberg est rangée avec goût dans plusieurs fort belles
salles, dont la principale est représentée sur cette planche. La disposition
des vases rend faciles l'étude et la compa- raison de ces précieux monuments,
et rappelle même, sous ce point de vue, leur ancienne situation; car, ainsi que
nous l'avons observé, un des côtés des vases, destiné à faire face à la
muraille, présentoit rarement une peinture intéressante.
Planche 1
PLANCHE II
Ces deux beaux vases sont
de la même grandeur que les originaux; ils font connoître deux époques de Fart
tout à fait différentes. Le premier, par sa forme simple, sa couleur, et le
style des figures, rappelle, sinon l'enfance du moins le temps de l'art qui
précéda sa perfection; période où une simplicité noble, sévère, et quelquefois
même un peu barbare, tenoit lieu de la grâceet de l'harmonie qui distinguent
les ouvrages des siècles suivants. Ce vase offre la forme primitive de l'œuf,
auquel on n'a fait qu'ajouter au col une légère inflexion en le soutenant par
deux anses communes et petites : point d'entourage au sommet, ni de méandre
dans le bas; et cependant une riche bordure, et un double sujet qui montre que
ce vase avoit été fait avec grand soin, et devoit être d'une grande valeur. Il
a été trouvé en Sicile, et nous expliquerons à la planche suivante le sujet
qu'il représente. Le vase n° 2 est aussi riche, aussi élégamment orné que
puisse être un semblable ouvrage; ses anses sont garnies de boutons disposés
avec art, qui prouvent le soin qu'on avoit apporté à son exécution. Le sujet
qu'il représente est de peu d'impor- tance : c'est un satyre qui offre à un
autre la coupe bachique; celui-ci est assis sur une espèce de cippe pour montrer
sa supériorité: derrière lui est le gratus
iacho crater [30]
dans lequel il a puisé la liqueur qu'il présente à l'autre satyre. Cette
peinture, qui appartient au meilleur temps de l'art, retrace vraisemblablement
le tableau décrit par Pausanias, où un satyre offroit à Bacchus un semblable
vase plein de vin [31].
Le champ est rempli d'ornements délicats qui lient agréablement la composition;
la couronne de myrte, à gauche, quoique fort en usage dans les bacchanales, est
ici moins une attribution du sujet qu'un moyen inventé par l'artiste pour
remplir l'espace qui se seroit trouvé entre les figures; il en est de même du
thyrse que tient le satyre à droite. Quand on remarque sur les vases ces sortes
de finesses de détails, et que du reste les figures sont d'un dessin correct,
on peut hardiment les rapporter au plus beau temps de l'art.
Planche 2
PLANCHE III.
La face principale du
vase n° 1 nous offre un guerrier dans un char, ayant à sa droite, comme c'étoit
l'usage, son écuyer, hviocos, ou armiger [32],
qui conduit ses chevaux; il est entouré de ses femmes ou de captives, et
précédé d'un enfant nu. Nous croyons reconnoître dans cette peinture le départ
de Memnon pour le siège de Troie. On sait de quelle réputation jouissoit ce
prince, dont l'ar- rivée et les exploits balancèrent quelque temps la fortune
des Grecs, et retar- dèrent la prise de la ville [33]:
plusieurs monuments nous le représentent dans diverses circonstances, entre
autres le beau vase grec où l'on reconnoît son combat avec Achille [34].
Pausanias, en décrivant
les peintures de Polygnote dans le Lesché, dit que cet artiste a voit
représenté Memnon avec une grande barbe, et qu'il avoit placé près de lui, pour
le mieux faire reconnoître, un jeune Ethiopien entièrement nu [35].
Ce sujet est répété sur notre vase; on y voit Memnon armé en guerre, portant la
barbe, et précédé d'un jeune homme nu; circonstance qui ne peut s'appliquer
qu'à ce seul sujet. Pausanias ajoute que ce prince partit de Suse pour le siège
de Troie, et soumit à son empire toutes les nations qu'il trouva sur son
passage [36]; c'est ce qui me semble
indiqué par les figures à pied qui précèdent ou accompagnent le char, comme
pour orner une marche triomphale. Les deux cotés du vase représentent le même
sujet; mais dans l'un les figures ne sont point aimées, et l'artiste a
peut-être voulu indiquer par là l'arrivée de Memnon à Suse, tandis que sur
l'autre face il a figuré son départ pour la guerre de Troie. Memnon dans le
dernier a la tête couverte d'un de ces casques surmontés d'aigrettes [37]
rouges, que l'on rencontre seulement sur les plus anciens vases, et qui paroit
avoir appartenu aux premiers temps de la Grèce; il tient, comme dans Homère, un vaste
bouclier qui le couvre des pieds jusqu'à la tête [38].
Le guerrier qui l'accompagne à pied tient un bouclier rond, dont le omfalos
[39], est peint en blanc; il
porte un casque qui lui couvre entièrement le visage, ainsi qu'on le remarque
sur les plus anciennes peintures [40].
L'équipement des chevaux est conforme aux traditions connues [41];
mais le costume des figures à pied, et principalement des femmes, est
singulier, et tel qu'on ne le voit que sur les plus anciennes statues grecques
ou étruques [42]: il consiste dans un ma nteau
rayé de plusieurs couleurs, et orné de pierres précieuses [43].
La tête des femmes est ceinte d'un bandeau, et leurs cheveux tombent
négligemment sur leur cou, ainsi qu'on le voit dans plusieurs monuments [44].
Ce vase est exactement de même grandeur, de même forme, et orné de la même
bordure que celui qui représente le combat de Thésée avec le Minotaure, auquel
Lanzi attribue [45]1'une si haute antiquité;
il n'a pas moins d'analogie, quant au costume des personnages et au caractère
du dessin, avec le vase d'Antiphatès, publié par d'Hancarville, et où les
inscriptions sont écrites de droite à gauche [46]:
en un mot tout semble concourir à faire regarder ce monument comme un des plus
précieux de ce genre.
Planche 3
PLANCHE IV.
Ces deux vases sont de
l'espèce de ceux que l'on connoît en Italie sous le nom de campana, cloche; l'un à anses élevées, manichi alti, l'autre à anses basses: ils ont été trouvés dans la Pouille, où cette forme
paroît avoir été commune; ils sont chacun ornés d'une bordure de myrte au
dessous du rebord, qui rappelle l'usage où l'on étoit d'entourer ainsi les
vases dans les sacrifices et dans les fêtes de Bacchus [47].
Au dessous des peintures régnent le méandre et le labyrinthe. Le revers de ces
deux vases semble indiquer les premiers pas vers l'initiation; et ce qui le
feroit croire principalement, c'est le rapport qui existe entre ces revers et
le coté principal de chacun des vases. Sur le n° 3, une femme, vêtue d'une
simple tunique, tenant à la main une de ces bandelettes symbole de la pureté de
l'ame, et dont on ornoit les temples des dieux, vittataque temple [48],
s'avance vers une autre femme, plus grande, plus imposante, couverte d'un riche
manteau, et tenant un thyrse à la main: la jeune femme a l'air de demander à
celle-ci une faveur, ou de répondre à ses questions. Le vase n° 4 offre deux
figures en manteau, les pieds nus comme dans les premières épreuves de
l'initiation, et s'avançant appuyées sur le bâton du voyageur, pour signifier le
commencement des épreuves et le voyage mystique qui doit les suivre.
Planche 4
Planche 5
Planche 6
PLANCHE V.
Cette femme majestueuse,
que nous avons observée sur le revers de ce vase, debout, et vraisemblablement
à la porte du sanctuaire, est ici représentée assise, et dans l'intérieur d'un
édifice, ce qu'indique la bandelette suspendue dans le fond; c'est la reine des
sacrifices, regina sacrorum, l'antistite, ou peut- être la déesse Libéra
elle-même. Elle tient à la main le même thyrse qu'elle a sur le revers; mais
elle y a ajouté une petite branche de myrte, symbole de l'initiation [49]:
elle a la même coiffure, mais entourée de la couronne radiée ou diadème
mystique [50]. Son peplus est abaissé
sur ses genoux, ainsi que dans la
position de toute personne assise, et son bras gauche s'appuie sur le tam bour,
dans l'attitude de Cybèle, dont le culte avoit beaucoup d'analogie avec celui
de Baccbus [51]. Le génie des mystères,
couronné également de rayons, s'avance vers la prêtresse en tenant à la main le
cep de vigne [52]; il semble prendre ses
ordres, et lui dire cette formule rapportée par Firmicus [53]:
Salut, épouse, salut, etc. etc. Deux satyres, ministres des sacrifices et
tenant des thyrses fleuris [54],
sont autour d'elle attentifs à la servir; l'un apporte la ciste mystique5 de
Baccbus, l'autre a le pied levé [55]
pour marquer l'attention, et le bras gauche enveloppé de la nébride si chère à
Bacchus [56]: celui-ci semble recevoir
l'ordre d'introduire l'adepte dans l'intérieur du sanctuaire. Près de la
prêtresse on voit l´acerra ou
cassette [57] des sacrifices, qui est
toujours représentée ainsi à demi ouverte sur les monuments. La grâce de cette
composition est encore augmentée par la pureté des formes et la beauté de
l'exécution.
PLANCHE VI.
Nous avons observé que le
coté le moins important de ce vase indiquoit les premiers pas vers
l'initiation; celui-ci ne représenteroit-il pas, sous une forme allégorique,
les dernières épreuves ou plutôt la récompense qui suit l'accomplissement de
ces derniers travaux? On y remarque deux Victoires sans ailes, apteros [58],
qui donnent à des jeunes gens le prix qu'ils ont remporté dans les jeux, niketeria [59]:
le premier reçoit une couronne de myrte ou de laurier, signe ordinaire de la
victoire; l'autre une bandelette, prix usité aux jeux qui se célébroient à
l'isthme de Corinthe [60],
et qui ornoit le front des vainqueurs:
Phidias avoit aussi placé
dans la main droite de Jupiter Olympien une statuede la Victoire qui présentait
une bandelette [62]1; et la statue
d'Hippodamie, suivantPausanias, avoit à la main une bandelette pour en orner le
front de Pélops [63].C'est ici à la fois une
image réelle des victoires aux jeux de la Grèce qui distinguoient si brillamment les jeunes
gens, et une allégorie relative aux initiations. Le premier jeune homme qui
reçoit la couronne semble par sonattitude n'avoir pas terminé ses travaux;
tandis que l'autre arrivé au butindiqué par la colonne sur laquelle il
s'appuie, et dans une posture qui annonce le repos [64],
reçoit le dernier signe et la dernière récompense de ses efforts. Les deux
Victoires sont vêtues de la tunique [65]
à deux manches, amfimascalos [66], formant de longs plis
serrés; l'une a gardé son peplus, mais l'autre,obligée de se servir des deux
mains pour attacher la bandelette, l'a déposésur la colonne; nouveau signe que
les travaux sont terminés. Cette bande-lette n'a point la forme des bandelettes
mystiques des initiations, mais biencelle dont on se servoit dans les jeux.
[2] DEMPSTER, Etruria
regalis; Florentiae, 1723, in-fol., 3
vol. Gori, Muséum etruscum, 3 vol. in-fol.
CAYLUS , Recueil d'antiquités. MONTFAUCON, supplém. au t. III, Antiq. expliq.,
1757, in-fol. PASSERI, Picturœ
etrusc, Romae, 1767, 3 vol. in-fol.
D'HANCARVILLE, Antiquités étrusques, grecques et romaines, 1766-1767, 4 vol. in-fol.
[3] Pline parle en effet
avec éloge des vases d'Arezzo, et les compare à ceux de Samos et de Sagonte,
qui passoient pour les meilleurs connus de son temps : lib. XXXV, c. xii. S.
Isidore, en décrivant cette sorte de poterie, s'exprime ainsi: Aretina vasa in Aretio municipio Italiœ
dicuntur, ubifunt: sunt enim rubra. Unde sedulius. Rubra quod appositum testa
ministrat olus. Ces vases sont couverts de bas-reliefs, en saillie très
forte, et portent tous le nom de la fabrique en carac- tères romains, chose qui
ne ressemble en aucune ma- nière aux vases grecs que nous connoissons. VOY.
GORI, Diss. del alf. etrus.; LANZI,
Vasi dipinti, c. viii, p. 37; S. ISIDOR., de Orig., lib. XX, p. 273.
Le savant Lanzi a rapporté ce qu'il avoit connu
des vases d'Arezzo; je vais rendre compte de ceux de Sagonte, et surtout de
ceux de Tarragone, dont les fabriques étoient supérieures peut-être à celles de
Sagonte. J'ai publié plusieurs de ces fragments curieux dans le Voyage
pittoresque d'Espagne, tom. I, et j'ai indiqué le nombre de fabriques que l'on
avoit comptées dans cette dernière ville, se montant dans les différents temps
à plus de douze cents. La terre de Sagonte
est de deux espèces; la première, et la plus précieuse, est d'un rouge
foncé et quelquefois jaspé, imitant, par le poids et par le vernis, notre
faïence, et ressemblant à une sorte de poterie que l'on fait en Portugal. Le
vernis qui couvre ces vases est aussi ferme, aussi brillant que celui de la
plus belle porcelaine. Les vases composés de cette matière faisoient
vraisemblablement l'office de plats, d'assiettes, de pots pour contenir les
liqueurs; car on ne retrouve point en eux de signes qu'ils aient servi à cuire
les aliments : ils sont ornés de bas-reliefs, de bordures élégantes, et portent
tous la marque de la fabrique d'où ils sortent. Ces vases étoient composés
d'une terre rouge, ferme et vernissée, meilleure, peut-être, pour les usages
domestiques, que celle des plus beaux vases peints, mais très différente. La
seconde espèce, moins soignée que la première, est d'une couleur cendrée et
jaunâtre, sans sculpture, et seulement ornée d'un liseré. Les vases de cette
matière n'ont de vernis qu'à l'extérieur; ils sont moins fins que les autres,
et paroissent avoir servi de pots au feu, de casseroles. Ces deux espèces de
poterie étoient très estimées des Romains, et se vendoient dans toute l'Italie;
Martial en parle souvent:
Sume saguntino pocula ficta luto. lib. XIV, ep. 108.
Ficta saguntino cymbia malo luto. lib. VIII, ep. 6.
Le même poète, en parlant des présents qu'on avoit
coutume de faire aux avocats, ajoute:
Et crasso
jiguli polita cœlo Septenaria synthesis Sagunti Hispanœ luteum rotœ toreuma.
lib.
IV, ep. 46.
Pugna saguntina fervet commissa lagena.
Juven. , Sat. V, v. 29.
[4] Passeri, Picturœ
Etruscorum, in-fol
[5].Tischbein, seconde
Collection d'Hamilton; Naples,
1791-1803, 4 vol. in-fol.
[6] D'Hancarville ,
Antiq. étrusq., grecq. rom., 4 vol. in-fol.
[7] Monuments antiq.
inéd., t. I. i.
[8] De Vasi dipinti
dissertazioni tre.
[9] Visen-Gemœlde, 3 vol.
in-8°.
[10] Museo Pio Clementino, et
différentes dissertations.
[11] Vises antiques, publiés
par M. Dubois-Maisoneuve, 2 vol. in-fol.
[12] Quidquid Grœcia mendax
Audet
in historia
[13] S. AUGUSTIN, de Civit.
Dei, lib. VII, cap. xx; CLEMENT D'ALEXANDRIE, Stromat., lib. V, p. 675 et 689;
ESCHENBACH., de Poesi orphica, p. 11; VIL-LOISON, de Mys. vet. com. dans
l'ouvrage de M. de Sainte-Croix, p. 229.
[14] D'Olivet, Théologie des
Philosophes grecs,. P. 226 et 302. Le savant Olearius prétend avec raison que
le poëte Hésiode, dans sa Théogonie, n'a fait que présenter les objets principaux de la nature
sous la forme des dieux: De principio
rerum naturalium ex mente Heracliti, p. 85a; et avant lui, Diaconus, de
Hes. theog., p. 229.
[15] S. Augustin, de Civit.
Dei, 1. VI,
c. in; Cicéron, Tuscul., 1. I, c. xii, ep. i3 ; denat. Deor., I. T, c. xliii.
[16] Les histoires de Cérès,
de Pluton, et de Proser- pine, sont les mêmes que celles d'Osiris, d'Isis, et
de Typhon, ainsi que les cérémonies qui avoient lieu dans leur culte: Plutarq.,
de Is.et Os., 27. (37.
[17] HERODOTE, lib. II.
[18] DIODORE, lib. I, 96;
lib. III, 69.
[19] PORPHIRE, fragme. de
styge ap. stobœum, lib. I, p. 142.
[21] AESCH., de Morte,
p. 61.
[22] PROCL., ad Platon,
polit., p. 3og.
[23] Aristoph., Ran.,
v. 457.
[24] La tête de Diagoras fut
mise à prix, parcequ'il avoit révélé l'objet secret des cérémonies de Cérès, et
s'étoit permis des plaisanteries à ce sujet: Aristoph., Aves., v. 1073; Suid.,
in V. Aiocyoçocç. Alcibiade, accusé d'avoir représenté dans le poecile les
mystères d'Eleusis, et d'avoir fait les fonctions d'hiérophante, fut traduit au
tribunal des Eumolpides, et ne fut absous que long-temps après : Plutarq., vie
d'Alcibiade. Le poète Eschyle , également poursuivi pour avoir, disoit-on,
présenté sur la scène des objets mystérieux, ne put se justifier qu'en prouvant
qu'il n'étoit pas initié : Clément d'Alex., Strom., lib. II, p. 401.
[25] Diodore de Sicile dit
qu'il n'étoit défendu de révéler que les détails de chaque mystère: lib. III,
61; et Sénèque compare la philosophie à l'initiation, dont une partie seulement
étoit réservée aux adeptes, mais le reste connu des profanes: Senec, ep. XCV;
Sainte- Croix, Myster. du pagan., pag.
341.
[26] Avant l'entrée au
temple: Eurip., Son.y v. 94; les sacrifices: Homère, IL, A, v. 4495 et même les
simples prières : Sophocl., OEd., col. 460; Eurip., Alcest., 157; Clém.
d'Alex., Strom., lib. VI; Lomeier, de lus- trationïbus, p. i5a.
[27] Pausanias, Cor., c.
xxxi, p. i85; Athen., XV, p. 681 ; Pollux, VIII, 7, 65.
[28] D'après les savantes
observations de MM. Lanzi et Visconti, on est convenu de ne plus voir dans ces
figures ni les candidats à la charge d'archonte, comme le vouloit Italinski
avec peu de fondement, ni les jeunes gens prenant la robe virile et initiés aux
mystères, suivant Passeri, ou des spectateurs et autres sujets insignifiants,
comme le pensoit M. Boettiger; mais bien les exercices du gymnase, et la
réunion des élèves et des maîtres, qui portoient en effet des manteaux
semblables, et avoient dans leurs séances un maintien grave. Les vases peints,
disent les savants qui partagent cette opinion, étoient donnés aux jeunes gens,
pendant le cours de leurs études; ils représentoient des sujets intéressants de
l'histoire héroïque, des victoires dans les jeux qui pouvoient exciter leur
cœur à la vertu. Ces petits monuments leur rappeloient le souvenir de leur
enfance; ils étoient conservés par eux avec soin, et les accompagnoient dans la
tombe. Sans doute cette explication est ingénieuse, je pense même qu'elle est
souvent applicable; mais il est prouvé, surtout par la collection du comte de
Lamberg, qu'il est bien des cas où elle n'est point admissible. Comment, par
exemple, attribuer à l'intérieur du gymnase, et aux exercices qu'on y faisoit,
ces revers des vases qui représentent un jeune homme offrant un œuf lustral,
symbole uni- quement consacré aux mystères, un autre tenant un strigile, une
couronne de bandelettes, et plus souvent un bâton? comment expliquer les femmes
qui s'y trouvent dans les mêmes positions? Mais cette explication devient
encore plus difficile, lorsque de l'autre côté des vases on retrouve ces mêmes
jeunes gens avec leurs bâtons, et les femmes avec les draperies ornées de la
même manière, et prenant part à une action tout à fait étrangère à des exercices
gymnastiques. Il me semble qu'il faut alors chercher à ces figures une autre
intention, et celle qui me paroit leur convenir davantage est la cérémonie de
la purification, lustratio. La manière dont les jeunes gens tiennent le
manteau, et la canne qu'ils portent la plupart, et qui se retrouve souvent de
l'autre coté du vase entre les mains de plusieurs initiés, est sans doute un
signe de respect et d'humilité convenable au rôle qu'ils jouent, et à la
cérémonie à laquelle ils se soumettent. Alors on conçoit pourquoi quelques unes
de ces figures tiennent des œufs, signe particulier de l'expiation, et qui
représente la pureté morale que l'on cherche; il en est de même du strigile, de
la couronne de myrte, et des bandelettes. Il est alors tout simple que plusieurs
jeunes gens se voient à la file l'un de l'autre; que des femmes y figurent dans
les mêmes attitudes, ces cérémonies étant communes aux deux sexes. Sans doute
les représentations dionysia- ques que l'on remarque sur les vases ne sont pas
réellement les grands mystères, qu'il n'eût pas été permis de livrer ainsi à la
curiosité; mais il faut pourtant convenir que les trois quarts des vases ont un
aspect mystique qui ne peut avoir rapport qu'à la philosophie occulte des
anciens; et si véritablement leurs peintures ne retracent point les cérémonies
cachées, au moins pouvoient-elles indiquer, ainsi que nous l'avons dit plus
haut, les démarches préparatoires qui étoient connues de tout le monde. Il est
d'ailleurs vraisemblable, d'après la belle conservation des vases que l'on
déterre, que même, du temps de la vie de leur propriétaire, ils étoient
renfermés dans un lieu caché, et séparés de la vue des profanes; alors rien ne
s'opposoit à ce qu'ils ne représentassent une grande partie des cérémonies
particulières aux initiations.
[29] Le mélange de pierre
ponce avec la terre vient de ce qu'en trouve mêlée avec la terre; et cela
indique que l'on trouvera un faisant la fosse, la pierre ponce, remuée et
rejetée de nouveau, se corps enseveli.
[30] Manilius, Ast. lib. I.
[31] Pausanias, Attiq.,
lib. I, c. xx.
[32] equorum
agitator Achillis
Armiger
Automedon Virg., AEn., II, v. 476.
[33] HOMERE, Il.; QUINTUS DE
SMYRNE, Paralip., II, 234; Ovid., Metam., 13. On connoit toutes les merveilles
attribuées à la statue de Memnon.
[34] Millin, Peint, antiq.,
t. I, pl. XIX, XX.
[35] Phocide, lib. X, c.
xxxi.
[36] lbid.
[37] Cristaque tegit galea aurea rubra
VIRG., AEn., IX., 50.
Cristasque rubentes. Id., v. 270.
Les Cariens portaient cette crête rouge, ce qui
les faisoit nommer Alektruonas: PLINE, Hist. nat.s XI, 37. Il en étoit de même
des Espagnols: DIONOR. , V. 3i. Les aigrettes des casques étaient ordinairement
de crins de chevaux (ippokomoi koruqes) que l'on teignoit de différentes couleurs: SOPHOCL.,
Ant., V, 117.
[38] lliad., c. VI.
[39] lbid.
[41] On y reconnoît les falara, les paraknhmidea; le frein, calinos; le poitrail, et les
rênes. POLL., X, 11.
[42] Statues du Muséum
cortonense, pl. V; et des Ant. d'Eercul, t. III.
[43] lbid.
[44] TlSCHBEIN, IV, pl. LX;
d'HANCARVILLE, t. I.
[45] LANZI, Vasi dipinti.
[46] Tome I.
[47] Cetoit souvent de la
vigne.
Lenta quibus torno facili superaddita
vitis
Diffusos
edera vestit pallente corymbos. VIRG., egl. III, 36.
[48] Sil. Ital., VIII.
[49] Scholiaste
cl'Aristophane, Ronae, 333, et plus haut 3:27, où il est question de satyres
couronnés de myrte.
[50] Ces couronnes étoient
dans l'origine faites avec des branches de palmiers, dont les feuilles
formoient comme des rayons autour de la tête de initiés: Apul., lib. XI, v.
287; cetoit des signes de la divinité: Pascalis, de Cor., IX.
[51] Museo Pio-Clement.,t. 1,40. Tympanum tubam Cybelle, tua, mater, initia: CATUL. DE BER. Tumpana
kai qurson bwmion: PHILIPP., in Anthol., lib. IV, 12.
[52] Ce génie des mystères
représente souvent les compagnons de Baccbus, Aratus et Ampelos, transformés
par ce dieu en génies: NONNUS DION., XVII.
[53] Ac. des Insc.y XXIII,
253.
[54] Frondentes sumere thyrsos jesserat.
Ovid. , Met., IV, 7.
Fronde
virentes conjiciunt thyrsos.
Id., Met., XI, 27.
EURIPID., inBacch.y 176.
[55] Kistoforos: Plutarch., de Cup. div.; Suidas, in Kistoforos. Spanbeim veut que la ciste mystique soit la même que la mystica vannus lacchi de Virgile,
Georg., I, 166; mais Winkelmann a prouvé qu'elle en diffère entièrement: Monum. ined., I, 46.
[56] Stans summos
resupinus usque in ungueis: MART., XII, 78; JUV., Sat. X.
[57] Nezridostolen: ORPH., in hymn.
Trieter.; EUR., in Bacch., 834; nezcridopeplon, ANON., in Anth.,
edit. Brod.,
p. 82.
[58] PAUSANIAS, lib. III, c.
xv, et lib. V, c. xxvi.
[59] EURIPID., Ion v. 852.
[60] PAUSANIAS, lib. IX, p. 753; Pindare, Olymp., IX, 147
[61] VIRG., Aeneid., lib. V, 268.
[62] PAUSANIAS, lib. V, p. 400. Suivant le même
auteur, la statue de Polyclès, vainqueur à la course des chevaux, tient la
bandelette à la main, te dexia tainian: lib. VI, p. 452, I. On voit
plusieurs vases où les vainqueurs aux jeux tiennent des bandelettes: TISCHBEIN,
m, p. 48.
[63] Lib. VI, p. 454.
[64] Wwkelmann, Traité pré
Uni. du Dessin; Mon. ant. inéd., p. 48.
[65] Meursius sur la Cassandre deLycophron,v.
1100.
[66] Hesch., au mot amfimacalos, t. I, col. 304. Il est
aussi question de ce genre de tunique dans Pollux, II, 138, et VII, 47. On la
nomme ekateromascalos.