ANTIQUITÉS
ÉTRUSQUES,
GRECQUES
ET ROMAINES
(Ou les beaux Vases Etrusques, Grecs et
Romains , et les Peintures rendues avec les
couleurs qui leur sont propres.)
TIRÉES DU
CABINET DE M. HAMILTON,
CABINET DE M. HAMILTON,
ENVOYE EXTRAORDINAIRE ET PLENIPOTENTIAIRE DE S .M. BRITANNIQUE
EN COUR DE NAPLES.
Gravées par F. A. DAVID,
AVEC LEURS EXPLICATIONS,
Par D'HANCARVILLE.
* • *
TOME TROISIÈME.
A PARIS,
Chez L´AUTEUR, M. DAVID,
M. DCCLXVII
AVANT PROPOS
KΑΕ ΕΠΙΕΙ ΜΟΥ ΠΟΛΛΑ ΔΟΣΑΝ ΘΕΟΙ
ΟΨΙΠΑΝΙΩΝΕΣ.
ΟΨΙΠΑΝΙΩΝΕΣ.
ODYSS. H.
AVANT PROPOS
qui peut-être ne devoit l´être, qua certains temps de l’Art des peuples, dont
nous viennent ces monuments. Cette réflexion, également applicable aux
Marbres, aux Bronzes & aux Gravures antiques, me lit sentir la nécessité
d’une Histoire des Arts, qui rappellent les diverses époques de leur existence,
pourroit seul éclaircir des difficultés, devenues plus grandes, par les efforts
mêmes qu’on a faits pour les résoudre.difficiles a expliquer, Ouvrir une carrière & Produire, en quelque sorte, une
science nouvelle.
L´Antiquité est un vaste pays , séparé du notre par un long intervalle
de temps; quelques voyageurs en ont reconnu les cotes presque désertes,
d’autres plus entreprenants ont osé pénétrer dans son intérieur, ont ils non
trouvé que des tristes ruines de villes autrefois superbes, & des phantômes
dont la relation paroit incroyable. Mes deux premiers volumes peuvent être
regardés comme des tentatives, pour reconnoitre ces terres inconnues; j’ai
essaye de déterminer la position de quelques lieux, mais faute d’instrument,
ne pouvant le faire avec la précision que j’eusse désirée, obligé de retourner
sur mes pas, j´ai cherché a m’en procurer un a l’aide du quel, me passant de
tous les autres, je pusse rectifier les erreurs que son défaut a du
nécessairement occasionner.
Le Public n’ignore pas, qu’on m’a mis en droit , de me regarder
Comme un auteur qui n’existe plus depuis quelques années; pouvant, an
besoin, nommer les lieux out l’on m’a enterré & les gens qui ont fait mon
enterrement, je me crois autorisé a regarder mes opinions passées, comme
celles d un homme mort il y a longtemps. Pour mettre a profit cet avantage, je
parle effectivement de ces opinions, comme si j’eusse oublié,
qu’anciennement dies étoient les miennes. Car la mort a celà de bon, qu’elle
nous défait de cet amour propre dont on ne se sépare guère qu’à son arrivée,
Dans cette funèbre circonstance, sacrifiant au respect que je dois a la vérité,
celui que tout écrivain croit devoir a son propre sentiment, j’ai donc pu, sans
inconvénient pour ma vanité, prendre ici la liberté de me contredire moi
même: en avertissant mes lecteurs de ces contradictions, je les supplie de
regarder ce Volume, comme la Critique de ceux qui ont eu le malheur de le
précéder; c’est un Cadet, qui succédant aux titres de ses Aines, ne se croit
obligé ni d’en suivre les vues, ni d’en adopter les projets & la manière de
penser.
De tant de savans qui ont écrit avant & avec moi, qui n’ai pas
l’honneur de l’être, de tant d’auteurs très critiquables, j’aurai l’avantage d’être
le seul critique dans ce grand & magnifique ouvrage. Mais pour mettre a leur
aise , ceux qui ne manqueront pas de me traiter encore pis, que je ne le sais
moi même, je leur promets soi d’ auteur mort, de ne pas leur répondre de mon
vivant. En échange de ma résignation a cet égard, je demande aux antiquaires
de me faire la justice de croire, que ce n’est pas l’ambition de dire des choses
nouvelles, qui , contre l’usage, m’a sait dire des choses neuves; car je ne les ai
dites, que par la difficile nécessité dans laquelle je me suis mis, de parler sur
des matières où je me serois sait un véritable scrupule de ne copier personne,
mais où malheureusement je n’avois personne a copier, parce que personne n’
en a écrit avant moi.
Si ces matières ont le malheur d’être en effet plus utiles
qu’amusantes, ce n’est assurement pas ma faute; mais ce l’est, d’avoir osé les
traiter dans le Siècle présent; on aura raison de dire que j’ai écrit trop tôt ou
trop tard, j´en conviens; je conviens encore, que mon sujet n´étant susceptible
d´aucun intérêt, au sens qu’on l’entend aujourd’hui, il ne peut-être agréable
qu’a ceux, dont le plaisir sera de voir la marche débile & pénible, mais
industrieuse de I’esprit humain dans la Création des Arts. Je décrit leur
enfance, j’étudie leurs inclinations, je me plais a les interroger, & dans les
termes naïfs de leur langue a peine articulée, j’aime a voir leurs idées se
former, se lier les unes aux autres, & préparer des méthodes qui paroîtront
toujours sort absurdes a bien des gens, & quelquefois très spirituelles a ceux
qui le seront.
Je suis long, faute du talent, du loisir & de la tranquillité qu’il faudroit
pour être court. Mais cette longueur peut encore s’excuser; car de même que
la maturité de 1´age, ne sait que développer dans l´homme les idées de son
enfance, ainsi les plus grandes choses exécutées par les Arts ne furent que le
développement des impressions revues dans leurs commencements; ce sont
ces commencements qui me semblent si intéressants , l’influence qu´ils eurent
sur les progrès que sirent les Arts, c'est le germe enfin des grandes choses
qu’ils produisirent, que j’ai tache de faire connoître dans ce premier livre .
C’est à vous Lecteur Bénévole à juger si j’ai eu
le bonheur de réussir, & si j’ai réussi,
vous & l’avenir me pardonnerés
ma prolixité.
HISTOIRE DE LA SCULPTURE
ET DE LA STATUAIRE DES GRECS.
LIVRE I
Des temps qui précédèrent & qui suivirent l´envention de la sculpture
jusquà la prise de Troye t l'an 3505 de la période Julienne, douze cent neuf
ans avant Jésus- Christ.
'est au goût qu'il a pour la
société, que l'homme doit
ses plus ingénieuses
inventions: le besoin de
communiquer ses
sentiments et ses pensées, le
désir de conserver la
mémoire des faits qui
intéressent les particuliers,
la nécessité de faire
connoître les lois qui
maintiennent les états,
l'ambition de sauver de
l'oubli les évènement
remarquables, l'avantage
enfin que l'on trouvoit à
rappeler le souvenir des
personnes les plus chères,
|
celui des héros qui devinrent ensuite les Dieux que l´on adora, firent naître &
perfectionner les Langues, Ecriture, la Poesie, la Sculpture, la Peinture, la
Gravure, tous les Arts qui en dépendent, & qui concourent a réunir les
hommes, en multipliant les moyens de s’exprimer & de se faire mieux
connoître les uns aux autres.
(...)
Explications des Peintures contenues dans ce troisième Volume.
PLANCHE II
Cette Peinture nous fait voir une fête de Bacchus; on offre des
palmes devant sa colonne symbolique, peut-être en mémoire des conquêtes
dans les Indes; la signification des plantes de Sésame & des bandelettes se
trouvent déjà expliquée dans plusieurs endroits de cet Ouvrage.
PLANCHE III.
Terme de Priape, avec l'attribut de Mercure & la tête de Bacchus. Ce
Dieu, suivant Sosibius de Lacédémone, cité par Athénée, Deipnos. Lib. II.
donna le figuier aux hommes; c'est pourquoi la tête de la statue étoit faite du
bois de cet arbre, dans l'Isse de Naxe; c'est aussi la raison pour laquelle le
figuier est ici près de lui; son Autel est au-dessous du petit tabernacle des
indications.
PLANCHE V
Hélène retenue par Thésée dans Aphidne en fut délivrée par la valeur
des Dioscures; l'un deux présente une épée à sa soeur, ce qui détermine le sujet
de cette Peinture. Hélène est assise sur un sac, l'une de ses femmes couronnée
de myrthe tient une indication avec la cadette mystique quelle paroît emporter
de la maison; ce sont les signes du départ de cette Princesse & de son retour à
Lacédémone.
PLANCHE VII.
L'indication placée dans le milieu de cette Peinture est celle
d'Apollon, comme Dieu de la Poésie, son nom APLOΛO écrit sur le livre d'un
des Poètes représenté ici, est en lettres & en langues pélasgues, mêlées du
lambda Cadméen.
Hélène retenue par Thésée dans Aphidne en fut délivrée par la valeur
des Dioscures; l'un deux présente une épée à sa soeur, ce qui détermine le sujet
de cette Peinture. Hélène est assise sur un sac, l'une de ses femmes couronnée
de myrthe tient une indication avec la cadette mystique quelle paroît emporter
de la maison; ce sont les signes du départ de cette Princesse & de son retour à
Lacédémone.
PLANCHE VII.
L'indication placée dans le milieu de cette Peinture est celle
d'Apollon, comme Dieu de la Poésie, son nom APLOΛO écrit sur le livre d'un
des Poètes représenté ici, est en lettres & en langues pélasgues, mêlées du
lambda Cadméen.
PLANCHE XIII.
C'étoit seulement dans les festins consacrés aux Dieux que les
femmes Grecques s'asseyoient sur un même lit avec les hommes. Ce qui fait
dire à Cicéron. In vert. Orat. III. Tum ille negavit moris esse Groecorum ut in
convivio virorum mulieres accumberent. La bandelette suspendue près d'une
Musicienne qui joue de la double flûte, les couronnes de roses employées
dans ce festin, joint à ce que l´on voit au pied de la table, montrent que ce
repas est fait à l´occasion des fêtes de Vénus: je ne connois aucun monument
où l'on voit mieux que dans celui-ci la disposition des lits sur lesquels les
anciens mangeoient, & les deux façons de s'y placer.
C'étoit seulement dans les festins consacrés aux Dieux que les
femmes Grecques s'asseyoient sur un même lit avec les hommes. Ce qui fait
dire à Cicéron. In vert. Orat. III. Tum ille negavit moris esse Groecorum ut in
convivio virorum mulieres accumberent. La bandelette suspendue près d'une
Musicienne qui joue de la double flûte, les couronnes de roses employées
dans ce festin, joint à ce que l´on voit au pied de la table, montrent que ce
repas est fait à l´occasion des fêtes de Vénus: je ne connois aucun monument
où l'on voit mieux que dans celui-ci la disposition des lits sur lesquels les
anciens mangeoient, & les deux façons de s'y placer.
PLANCHE XV.
Eurytus, Roi d'OEcalie, fait à Hercule le serment de lui donner Iole sa
fille en mariage s´il peut l'emporter sur lui à tirer de l'arc. Iphîtus, frère de
cette Princesse, est à côté d'elle, entr'eux l´on voit une femme tenant un cyste
avec deux indications, pour représenter les Divinités qu'on atteste de part &
d'autres en mettant le pied sur deux pierres. L'usage des Romains étoient de
tenir ces pierres dans la main quand ils faisoient quelque serment.
Eurytus, Roi d'OEcalie, fait à Hercule le serment de lui donner Iole sa
fille en mariage s´il peut l'emporter sur lui à tirer de l'arc. Iphîtus, frère de
cette Princesse, est à côté d'elle, entr'eux l´on voit une femme tenant un cyste
avec deux indications, pour représenter les Divinités qu'on atteste de part &
d'autres en mettant le pied sur deux pierres. L'usage des Romains étoient de
tenir ces pierres dans la main quand ils faisoient quelque serment.
PLANCHE XVIII.
Ce sujet paroît être l'Apothéose d'Hercule. L'indication de Bacchus
placée à côté de lui est pour montrer la Patrie de ce Héros, car l'un & l'autre
étoient Thébains, suivant Sidonius Antipater. Une autre indication posée audessus
de la tête de Mercure paroît être un Disque, ou du moins en a la forme;
c'étoit vraisemblablement celle qu'on donnoit aux étuis de l'indication de ce
Dieu, pour montrer qu'il présidoit à la gymnastique. Le grand bouclier qui se
voit au milieu de cette composition, s'expliquant par la composition, paroît
être l´etui de l'indication du Dhgiqrnos; car il semble présider ici & donner
un nouvel être au Héros, qu'il tire du nombre des mortels pour l'admettre au
Ce sujet paroît être l'Apothéose d'Hercule. L'indication de Bacchus
placée à côté de lui est pour montrer la Patrie de ce Héros, car l'un & l'autre
étoient Thébains, suivant Sidonius Antipater. Une autre indication posée audessus
de la tête de Mercure paroît être un Disque, ou du moins en a la forme;
c'étoit vraisemblablement celle qu'on donnoit aux étuis de l'indication de ce
Dieu, pour montrer qu'il présidoit à la gymnastique. Le grand bouclier qui se
voit au milieu de cette composition, s'expliquant par la composition, paroît
être l´etui de l'indication du Dhgiqrnos; car il semble présider ici & donner
un nouvel être au Héros, qu'il tire du nombre des mortels pour l'admettre au
rang des Dieux; ceci est clairement indiqué par la figure d'Hercule, dont la
partie inférieure est cachée tandis que l'autre est visible. Mercure après l'avoir
conduit des Champs Élisées, prépare le Nectar avec Hébé destinée pour
épouse au nouveau Dieu: l'une des Heures, reconnoissable à son diadème,
porte l´Ambroisie; le bâton de Cyprès qu'elle tient en main, comme celui de
Mercure, est peut-être pour montrer la résurrection d'Alcide: la fenêtre,
l'armoire ou tabernacle dans lequel on renfermoit les cystes mystiques, fait
sans doute allusion à l'initiation d'Hercule aux mystères de Cérès.
Ce bouclier, fort ressemblant à ceux que l'on appelloit votifs, me
rappelle un usage assez commun en Italie; mais particulièrement à Rome, les
jours de grande solemnité on élève sur la principale porte des Temples un
écusson de forme ronde, ordinairement suspendu par des guirlandes faites de
feuilles de différens arbres; ces guirlandes, ainsi que l'écusson, sont entourées
de bandes d'un papier très-épais, qui tiennent lieu des bandelettes faites en
laine par les anciens: le milieu de ce cartel est orné de divers compartimens
exécutés avec d'autres bandes de papier, peintes en différentes couleurs,
quelquefois rehaussées de clinquant & représentant des espèces de fleurons.
Cet usage sanctifié chez nous, vient, je crois, des tems les plus reculés; car
l'écusson représente assurément l'étui des premières indications, peut-être
même de celte du Demiourgos. Et comme les têtes de Cérès Eleusine sont la
plus ancienne institution de cette espèce connu par les Grecs, il est probable,
que par elle cet usage vint aux anciens Romains, d´où il est passé chez les
modernes.
Ces fêtes sacrées d'Eleusis instituées dans un tems où les Arts étoient
encore dans leur première enfance, n'ayant jamais changés leurs cérémonies,
durent nécessairement contribuer à conserver les anciennes indications.
partie inférieure est cachée tandis que l'autre est visible. Mercure après l'avoir
conduit des Champs Élisées, prépare le Nectar avec Hébé destinée pour
épouse au nouveau Dieu: l'une des Heures, reconnoissable à son diadème,
porte l´Ambroisie; le bâton de Cyprès qu'elle tient en main, comme celui de
Mercure, est peut-être pour montrer la résurrection d'Alcide: la fenêtre,
l'armoire ou tabernacle dans lequel on renfermoit les cystes mystiques, fait
sans doute allusion à l'initiation d'Hercule aux mystères de Cérès.
Ce bouclier, fort ressemblant à ceux que l'on appelloit votifs, me
rappelle un usage assez commun en Italie; mais particulièrement à Rome, les
jours de grande solemnité on élève sur la principale porte des Temples un
écusson de forme ronde, ordinairement suspendu par des guirlandes faites de
feuilles de différens arbres; ces guirlandes, ainsi que l'écusson, sont entourées
de bandes d'un papier très-épais, qui tiennent lieu des bandelettes faites en
laine par les anciens: le milieu de ce cartel est orné de divers compartimens
exécutés avec d'autres bandes de papier, peintes en différentes couleurs,
quelquefois rehaussées de clinquant & représentant des espèces de fleurons.
Cet usage sanctifié chez nous, vient, je crois, des tems les plus reculés; car
l'écusson représente assurément l'étui des premières indications, peut-être
même de celte du Demiourgos. Et comme les têtes de Cérès Eleusine sont la
plus ancienne institution de cette espèce connu par les Grecs, il est probable,
que par elle cet usage vint aux anciens Romains, d´où il est passé chez les
modernes.
Ces fêtes sacrées d'Eleusis instituées dans un tems où les Arts étoient
encore dans leur première enfance, n'ayant jamais changés leurs cérémonies,
durent nécessairement contribuer à conserver les anciennes indications.
PLANCHE XXIV.
Proclus, dit in Plat. Rempublic. Cap. X. Les initiations nous ont conservé
dans leurs secrets les lamentations sacrées de Proserpine & et Cérès; mais sur-tout
celle de cette grande déesse: les premiers Pélasgues étant venus en Italie avant
l'institution des fêtes d'Eleusis, les Etrusques leurs descendans n'adoptèrent point
ces fêtes, & les Romains instruits par eux de la plupart des cérémonies religieuses,
ne connurent jamais celles-ci; ce qui fait dire à Denys d'Halicarnasse, Lib. II Cap,
19. «Les Romains ne parlent ni des combats, ni des blessures, ni des chaînes & de
l'exil des Dieux. Ils n'ont aucune de ces fêtes de deuil & de tristesse, où l'on entend
les plaintes & les gémissemens des femmes qui accusent la cruauté des Dieux, telle
qu´on en célèbre en Grèce, sur le ravissement de Proserpine, les malheurs de
Bacchus & autres semblables».
Les Peintures où l´on voit ces sortes de fêtes ne peuvent donc être ni
Romaines, ni Etrusques, comme on l´a dit jusqu'à présent; mais, ainsi que les
cérémonies qu'elles représentent, elles doivent absolument être Grecques. En voici
une bien remarquable, car elle nous fait voir une de ces scènes nocturnes qu'on
jouoit dans les fêtes de Cérès. Cette Déesse cherchant sa fille enlevée par Pluton
dans les campagne d'Enna, alluma des flambeaux au feu du Mont Etna; elle vint
ensuite dans l'Attique, indiquée ici par les branches d'olivier placées sur le terrein,& fut reçue chez Eleusius ou Celé; c'est peut-être lui qui représente la figure qui n'a
pas de flambeau. Il semble partager avec les autres la peine & l'empressement de la
Déesse à retrouver sa fille; l'un d'eux tient une ceinture, c'est celle de la figure qui
représente Cérès; car c'étoit chez les Grecs un signe de deuil & de tristesse, quand
on restoit sans ceinture; c'est en effet l'état d'affliction où se trouvoit la déesse qu'on
a voulu faire sentir, en la peignant dépouillée de cet ajustement.
Proclus, dit in Plat. Rempublic. Cap. X. Les initiations nous ont conservé
dans leurs secrets les lamentations sacrées de Proserpine & et Cérès; mais sur-tout
celle de cette grande déesse: les premiers Pélasgues étant venus en Italie avant
l'institution des fêtes d'Eleusis, les Etrusques leurs descendans n'adoptèrent point
ces fêtes, & les Romains instruits par eux de la plupart des cérémonies religieuses,
ne connurent jamais celles-ci; ce qui fait dire à Denys d'Halicarnasse, Lib. II Cap,
19. «Les Romains ne parlent ni des combats, ni des blessures, ni des chaînes & de
l'exil des Dieux. Ils n'ont aucune de ces fêtes de deuil & de tristesse, où l'on entend
les plaintes & les gémissemens des femmes qui accusent la cruauté des Dieux, telle
qu´on en célèbre en Grèce, sur le ravissement de Proserpine, les malheurs de
Bacchus & autres semblables».
Les Peintures où l´on voit ces sortes de fêtes ne peuvent donc être ni
Romaines, ni Etrusques, comme on l´a dit jusqu'à présent; mais, ainsi que les
cérémonies qu'elles représentent, elles doivent absolument être Grecques. En voici
une bien remarquable, car elle nous fait voir une de ces scènes nocturnes qu'on
jouoit dans les fêtes de Cérès. Cette Déesse cherchant sa fille enlevée par Pluton
dans les campagne d'Enna, alluma des flambeaux au feu du Mont Etna; elle vint
ensuite dans l'Attique, indiquée ici par les branches d'olivier placées sur le terrein,& fut reçue chez Eleusius ou Celé; c'est peut-être lui qui représente la figure qui n'a
pas de flambeau. Il semble partager avec les autres la peine & l'empressement de la
Déesse à retrouver sa fille; l'un d'eux tient une ceinture, c'est celle de la figure qui
représente Cérès; car c'étoit chez les Grecs un signe de deuil & de tristesse, quand
on restoit sans ceinture; c'est en effet l'état d'affliction où se trouvoit la déesse qu'on
a voulu faire sentir, en la peignant dépouillée de cet ajustement.
PLANCHE XXVIII.
Une jeune fille paroît offrir un lapin à la colonne symbolique qui
représente Bacchus; la bandelette placée près de cette colonne est le signe de sa
consécration; le lapin étoit offert à Cérès & à Bacchus, comme un animal également
nuisible aux moissons et aux vendanges; c'est par la même raison qu'on leur
immoloit la truie & le bouc.
Une jeune fille paroît offrir un lapin à la colonne symbolique qui
représente Bacchus; la bandelette placée près de cette colonne est le signe de sa
consécration; le lapin étoit offert à Cérès & à Bacchus, comme un animal également
nuisible aux moissons et aux vendanges; c'est par la même raison qu'on leur
immoloit la truie & le bouc.
PLANCHE XXIX.
On peut remarquer ici que tous les Myrtes portent le diadème de
Bacchus mais deux seulement l'ont orné de feuilles de myrthe. La couronne
du Génie est avec des écailles détachées de la pomme de Pin, telle que
souvent on la donnoit à Bacchus même, comme bientôt nous en verrons des
exemples. Ce Génie vêtu en femme paroît être celui d'Ariane;car L´Acratus
est ordinairement représenté comme un jeune homme, & dans toutes les
figures où L´on voit cette Princesse, au moins dans les Peintures de cet
Ouvrage, son génie est toujours habillé comme l'est celui-ci.
On peut remarquer ici que tous les Myrtes portent le diadème de
Bacchus mais deux seulement l'ont orné de feuilles de myrthe. La couronne
du Génie est avec des écailles détachées de la pomme de Pin, telle que
souvent on la donnoit à Bacchus même, comme bientôt nous en verrons des
exemples. Ce Génie vêtu en femme paroît être celui d'Ariane;car L´Acratus
est ordinairement représenté comme un jeune homme, & dans toutes les
figures où L´on voit cette Princesse, au moins dans les Peintures de cet
Ouvrage, son génie est toujours habillé comme l'est celui-ci.
PLANCHE XXXIII
Faune dansant avec une Bacchante; elle porte un tambourin; le vase d'eau
lustrale est dans une des mains du Faune, qui de l'autre porte un flambeau éteint.
Ces sortes de flambeaux encore en usage en Sicile & dans quelques endroits de
l'Allemagne, étoient faits de baguettes de Pin assemblées pour former un faisceau
auquel ensuite on mettoit le feu.
Faune dansant avec une Bacchante; elle porte un tambourin; le vase d'eau
lustrale est dans une des mains du Faune, qui de l'autre porte un flambeau éteint.
Ces sortes de flambeaux encore en usage en Sicile & dans quelques endroits de
l'Allemagne, étoient faits de baguettes de Pin assemblées pour former un faisceau
auquel ensuite on mettoit le feu.
PLANCHE XXXVIII.
Athènes avoit un temple de Jupiter Olympien, commencé par
Pysistrate et terminé par l'Empereur Hadrien; son enceinte étoit, dit Pausanias,
Lib. 1, d'au moins quatre stades; c'est-à-dire de cinq cents pas géométriques,
d'un mille d'Italie, ou d'un tiers de lieue de France. Dans ce vaste circuit,
ajoute le même auteur, on ne trouvoit pas un seul endroit qui fut vide de
statues.
Il renfermoit un ancien temple de Réa, & le bois sacré qu'on appeiloit
le bois d'Olympie. Cette description peut nous donner une idée de la vaste
enceinte du temple d'Eleusis, dont la grandeur étoit immense, immani,
magnitudine, dit Vitruve, Lib. VII. Ictius, au rapport de Strabon, Lib, IX, y
joignit un édifice, capable de contenir tout l´appareil d'un théâtre; par celui de
Marcellus, par les fêtes données dans le temps de la dédicace du théâtre de
Pompée, on peut juger de l´immensité de celui d'Eleusis, et combien peu on
doit lui comparer ceux des modernes.
Athènes avoit un temple de Jupiter Olympien, commencé par
Pysistrate et terminé par l'Empereur Hadrien; son enceinte étoit, dit Pausanias,
Lib. 1, d'au moins quatre stades; c'est-à-dire de cinq cents pas géométriques,
d'un mille d'Italie, ou d'un tiers de lieue de France. Dans ce vaste circuit,
ajoute le même auteur, on ne trouvoit pas un seul endroit qui fut vide de
statues.
Il renfermoit un ancien temple de Réa, & le bois sacré qu'on appeiloit
le bois d'Olympie. Cette description peut nous donner une idée de la vaste
enceinte du temple d'Eleusis, dont la grandeur étoit immense, immani,
magnitudine, dit Vitruve, Lib. VII. Ictius, au rapport de Strabon, Lib, IX, y
joignit un édifice, capable de contenir tout l´appareil d'un théâtre; par celui de
Marcellus, par les fêtes données dans le temps de la dédicace du théâtre de
Pompée, on peut juger de l´immensité de celui d'Eleusis, et combien peu on
doit lui comparer ceux des modernes.
(...)