domingo, 2 de junho de 2019

Collection de vases grecs de Mr. le Comte de Lamberg, por Artur Felisberto







COLLECTION

DES

VASES GRECS

DE M. LE COMTE DE LAMBERG.

TOME PREMIER.



















Accipe non vili calices de pulvere natos.

Mart., Lib. XIV, Ep. 102.


Collection de vases grecs de Mr. le Comte de Lamberg (Band 1)

Des planches aux couleurs cybernétiquement restaurées et du texte au format numérique par Artur José Felisberto.




























INTRODUCTION

Qu'y a-t-il de plus sage que le temps ? dit Plutarque [1]: c'est lui qui découvre, et qui découvrira tant de choses. Or, parmi ses prodiges de conservation et de durée, ne doit-on pas compter ces précieux vases d'argile qui, au bout de trente siècles, ont survécu aux monuments les plus durables; qui, protégés par des tombeaux, ont échappé à la destruction dans le séjour même de la mort. Le temple des géants s'est écroulé, ses ruines même ont disparu, et non loin de leurs débris on retire de la terre des restes fragiles de Pindustrie des hommes, qui présentent des tableaux aussi purs, des inscriptions aussi lisibles, que dans les temps inconnus où ils furent fabriqués. Le danger ne commence pour ces précieux monu- ments qu'au sortir de leur demeure souterraine, et la destruction qui les menace dans nos habitations doit engager à les rendre éternels par le moyen de la gravure. D'ailleurs, l'élégance de leurs formes, la beauté de leur matière, les sujets qu'ils représentent, forment une étude inté- ressante pour l'historien, le peintre, et l'antiquaire. C'est par les vases que l'on peut véritablement connoître l'état de l'art chez les Grecs, comme on juge du talent de nos grands maîtres par leurs moindres dessins. Si les peintures des vases netoient point toutes l'ouvrage d'artistes distingués, elles étoient au moins la copie de tableaux célèbres retracés par des mains habiles: par elles se trouvent conservées des fables inconnues, des scènes mystérieuses dont aucun auteur n'a fait mention; elles servent également à éclaircir des passages obscurs de ces mêmes auteurs, et à expliquer des événements que l'on ne connoissoit qu'imparfaitement. L'intérêt que présentèrent ces monuments, dès les premiers temps de leur découverte, donna lieu à la publication de plusieurs grands ouvrages [2] destinés à les faire connoître; mais une erreur s'introduisit à cette époque, et se propagea pendant long-temps. Par une fausse interprétation de plusieurs passages de Pline et de Martial, où il est question des vases d'Arezzo [3], on attribua exclusivement les vases peints aux Etrusques; on alla même jusqu'à prétendre que ces vases ne se trouvoient que dans les pays jadis habités par les Etrusques ou les Thyréniens, tandis qu'au contraire leur véritable patrie est la grande Grèce et la Sicile, où les Etrusques pénétrèrent à peine.
La même erreur, qui prévalut sur le pays de ces vases, eut lieu pour les sujets qu'ils représentent: Passeri [4] n'y voyoit que des noces, des préparations aux fêtes nuptiales, ou des cérémonies secrètes des mystères qui navoient guère pu être ainsi retracées [5]; Italinsky, qui vint après, passant d'un excès à l'autre, chercha dans les moindres figures quelque trace de l'histoire des républiques de la Grèce, et tomba dans des conjectures hors de toute vraisemblance; d'Hancar- ville, moins téméraire ou plus adroit [6], n'osa pas se prononcer: et en effet, son ouvrage, quoique très précieux pour la multitude des sujets qu'il renferme, ne contient rien qui tende à éclaircir les faits. C'est aux savants de nos jours à qui appartient la véritable critique de ces monuments; Winkelmann [7], Lanzi 5[8], Boettiger 6[9], Visconti 7[10], et dernièrement Millin 8[11] dans le bel ouvrage de M. de Maisonneuve, ont beaucoup avancé la connoissance de cette branche importante de l'antiquité. Venus après ces savants, notre tâche sera plus facile pour l'explication de tous les sujets qui ont quelque analogie avec ceux qu'ils ont expliqués, plus difficile pour tous ceux qui s'en éloignent, parceque nos incertitudes contrasteront davantage avec des conjectures plus heureuses. Quoi qu'il en soit, nous nous permettrons d'exposer notre opinion avec franchise, et peut-être réussirons-nous à porter quelque nouvelle lumière dans cette carrière obscure. La science de l'antiquité consiste dans une suite continuelle d'observa- tions, qui s'appuient l'une par l'autre; la découverte de chaque monu- ment vient ajouter un anneau à cette chaîne non interrompue; et il arrive un moment où l'on peut envisager dans son ensemble une branche entière de la science, et la classer avec méthode sans craindre d'être démentie par les découvertes postérieures. Nous sommes peut-être arrivés à ce point pour l'explication des vases peints, et l'observation suivie de ces monuments permet de les diviser en deux classes distinctes, du moins quant aux sujets qu'ils représentent. La première comprend les sujets ayant rapport aux anciens mystères , aux jeux et aux exercices gymnastiques qui en faisoient partie, aux expiations, purifications, bacchanales, et à cette foule de pratiques secrètes appartenantes au culte de Bacchus, de Proserpine, de Cérès, et de Vulcain. La seconde comprend les peintures relatives aux temps héroïques ou fabuleux de la Grèce, tels que les travaux d'Hercule, les exploits de Thésée, de Pirithoùs et de Bellérophon, la conquête de Jason, la guerre des Amazones, le siège de Troie, les combats des Centaures, et par suite de ces événements les sujets mythologiques, et les apothéoses qui y ont rapport. On n'y voit jamais de sujets appartenants à l'histoire connue de la Grèce, malgré l'opinion de M. Italinsky. En effet, telle est l'imagination des hommes qu elle aime à se créer une origine brillante, et autant par jalousie de ses compatriotes que par une sorte de mépris pour le temps où l'on vit, on veut remonter à une époque plus reculée, et ne se permettre d'admiration que pour les événements étrangers à la situation présente. Les Grecs, dont l'histoire étoit une suite continuelle de hauts faits, ne se sentoient point inférieurs à leurs pères; ils se seroient trouvés humiliés de leur rendre un hommage trop éclatant; ils avoient besoin de porter plus haut leur culte, et de se composer une histoire primitive dont les héros fussent supérieurs à l'humanité, et dignes d'être réunis aux dieux mêmes. De là ces temples, ces statues, consacrés à des mortels courageux, dont les prouesses se trouvoient retracées sur les monuments, et mêlées aux récits des historiens les plus graves [12]. L'importance que les Grecs donnoient à la connoissance des mystères provenoit d'une cause à peu près semblable: les divinités populaires chez eux, telles que Jupiter, Junon, Mars, Neptune, représentoient bien pour la classe commune des divinités réelles; mais pour les gens instruits, elles désignoient seulement les différentes puissances de la nature, le principe des choses, et l'ensemble de l'univers [13]. Différents en cela des peuples modernes, qui soumettent les objets physiques à la théologie, les anciens cherchoient leur culte dans le système général du monde [14], et dans l'observation des lois de la nature. La philosophie avoit précédé chez eux la religion, et devoit lui survivre, parceque celle-ci ne consistoit que dans des images et des noms. Cette philosophie secrète, et qu'il eût été dangereux d'apprendre au peuple [15] ou aux enfants, comme le dit S. Augustin, formoit le fond des mystères et des secrets qui étoient révélés aux initiés. A peine les jeunes gens avoient-ils revêtu la robe virile, que leurs pères s'empressoient de les faire participer à ces connoissances importantes, qui seules les rendoient dignes d 'occuper un rang distingué dans la société: c'est par là qu'ils apprenoient les traditions mystiques transportées d'Egypte en Grèce par les premiers législateurs [16], par les conquêtes de Sésostris [17], et les préceptes d'Orphée [18]; traditions qui renfermoient l'origine du pouvoir religieux, les idées primitives sur la naissance du monde, sur le sort des ames après la mort, et principalement sur les avantages et les récompenses de la vertu. A ces notions se mêloient l'explication du culte des Cabires, des Dioscures, des dieux de Samothrace, l'histoire des Pelasges, etc.
Au plaisir naturel à l'homme d'être instruit des choses secrètes, se mêloit, pour les initiés, une sorte d'orgueil que leur donnoit la supériorité qu'ils acquéroient par là sur les autres hommes, et la satisfaction plus grande encore de parvenir à une haute perfection. En effet, avant de participer aux mystères, il falloit prouver qu'on n'avoit jamais commis de crimes, que l'on avoit vécu avec honneur, et que le cœur n'étoit accessible à aucune passion honteuse [19]: les lumières qu'on recevoit tendoient encore à élever l'ame, à rectifier le jugement, à diriger le cœur vers des actions louables, et à donner, pendant cette vie, l'espoir d'une vie plus heureuse encore [20]. Le bonheur des initiés est peint par les anciens, comme celui des élus l'a été depuis parmi nous [21]. Qui pourra s'empêcher, dit Proclus [22], de convenir que les mystères et les initiations ne retirent les ames de cette vie matérielle et mortelle pour la réunir aux dieux? Le soleil luit pour nous seules, chantoient, les bacchantes [23]; nous qui, admises aux mystères, observons les règles de la piété dans notre conduite avec les étrangers et avec nos conci- toyens. On conçoit que de pareils souvenirs fussent chers aux initiés, et qu'ils aimassent à en posséder l'image dans leur demeure: aussi les vases paroissent-ils leur avoir été spécialement consacrés; ils étoient sans doute donnés en présents aux jeunes gens par leurs parents au moment où ils subissoient les différentes épreuves et avançoient dans les grades de leur initiation : ces présents étoient semblables aux étrennes que l'on donne aux enfants et aux prix qu'on remporte au collège. Ces vases ne servoient à aucun usage domestique, c'est pourquoi ils nous parviennent dans une si belle conservation : ils étoient gardés soigneusement dans quelque partie retirée des édifices pendant la vie des initiés, et déposés dans leur tombeau à leur mort, comme la chose la plus précieuse qui pût leur appartenir, et une sorte de secret qui devoit mourir avec eux. En effet, la plus grande partie de ces vases représentent des scènes relatives aux mystères, non sans doute les plus secrètes, puisqu'il étoit défendu de les révéler [24], mais celles qui se trouvoient y avoir un rapport immédiat, et que les profanes même connoissoient [25]; telles que les purifications qui précédoient ou suivoient [26] toutes les cérémonies et les actions importantes [27]de la vie; telles que la présentation aux hiérophantes, et l'introduction dans le sanctuaire, qui me semblent exprimées par les figures à manteau, sur lesquelles on a fait tant et de si inutiles conjectures [28]. Cette opinion permet plus qu'aucune autre de trouver un rapport entre les revers des vases et leur sujet principal; elle explique les différentes attitudes de ces figures singulières, les raisons pour lesquelles on leur voit souvent à la main des thyrses, des œufs, symbole de la pureté dame que Ton devoit apporter aux mystères, et qui ne peuvent avoir rapport à d'autre sujet. Cette opinion se trouve fortement appuyée par plusieurs vases de la collection que nous publions, et nous aurons occasion de la développer dans le cours de cet ouvrage. Les vases sont peints de plusieurs manières qui caractérisent leur degré d'ancienneté; ceux qui paroissent remonter aux siècles les plus éloignés, soit par la roideur de leur contour, soit par la simplicité de leur action, ont un fond clair, et les figures peintes en noir; le trait des vêtements, des armures, est exprimé légèrement avec la même couleur qui forme le fond du vase: quelquefois ces traits sont blancs, et alors les chairs et différentes parties des ornements le sont également. Souvent le fond du vase est noir, et une partie seulement est réservée en clair; les figures sont alors tracées en noir sur cette partie réservée. Cette espèce de vase est fort rare, et même dans la belle collection que nous publions on en voit peu: ceux que nous regardons comme les plus anciens, après ceux-ci, sont les vases à fond noir, mais dont les figures sont peintes de diffé- rentes couleurs, et ont entre autres des teintes de pourpre tirant sur le violet que l'on remarque fréquemment sur les vases à fond clair. Après ces vases ainsi bariolés, et qui sans être d'un contour très pur sont en général intéressants pour les sujets qu'ils représentent, viennent les vases les plus nombreux, c'est-à-dire ceux à deux couleurs seulement, et dont le noir fait le fond. Parmi ceux-ci se rencontrent les peintures les plus parfaites; il est quelques uns de ces vases dont la légèreté est inconcevable, le vernis superbe, le contour des figures d'une hardiesse et d'une expression étonnantes: mais il en est d'autres, et le plus grand nombre, d'un travail fort grossier; ces derniers, qui montrent ou la décadence de cet art, ou la médiocrité des fabriques auxquelles ils appartenoient, sont formés d'une sorte de pâte épaisse, peinte avec négligence et incorrection: ils ne repré- sentent plus de traits d'histoire ou de mythologie, mais de simples orne- ments avec quelques figures ayant rapport aux fêtes de Bacchus; plus souvent des enroulements communs avec des têtes au milieu, ou quelques animaux. Nous nous étions proposé de classer suivant cet ordre la col- lection que nous publions, mais nous y avons trouvé beaucoup d'in- convénients; d'abord celui de fatiguer le lecteur par une suite de tableaux sévères des premiers temps, et en second lieu de fixer, sans aucune cer- titude, une époque à des monuments sur lesquels on n'a que des notions bien vagues. En effet, les règles que nous venons d'indiquer, pour classer les vases, sont loin d'être absolues, attendu le changement qu'éprouvoient les différentes fabriques, et la nature des ouvrages qu'on y exécutoit ; il est vraisemblable qu'on fabriquoit en même temps de très belles choses à côté d'autres fort communes, destinées à être vendues à des personnes moins riches : quelquefois on trouve dans le même tombeau de très beaux vases et d'autres fort inférieurs, qui sans doute avoient été des présents donnés par des personnes subalternes. Sans prétendre donc établir pour les vases une chronologie bien exacte, nous nous bornerons à faire remarquer à chacun les signes qui caractérisent leur plus ou moins d'antiquité.
Le travail de ces vases se faisoit très rapidement, et c'étoit là sans doute le principal talent des artistes qui se consacroient à ce genre de peinture. On remarque dans tous, même dans les plus mauvais, une grande franchise, et ce qu'on appelle des traits au premier coup: il paroît même que les artistes ne cherchoient point à se corriger quand ils avoient fait un trait incorrect; ou ils le laissoient subsister, ou ils en ajoutoient simplement un autre à côté, qui étoit suivi par la personne chargée de faire les fonds; c'est ce qu'on remarque dans plusieurs vases, où le premier contour a été recouvert. Les incorrections proviennent donc principalement de cet artiste secondaire qui terminoit l'ouvrage, ou de l'action du feu qui faisoit déborder la couleur. Il est vraisemblable que la couleur noire étoit toujours superposée, même dans les vases à fond clair, et rien n'annonce qu'on se servît pour cela de découpures, comme l'avoient pensé plusieurs savants.  Les premières collections qui furent publiées furent celles du chevalier Hamilton; car je ne regarde pas comme collection les vases que l'on rencontre dans Dempster, Caylus, Gori, Montfaucon, Winkelmann, et même Passeri. Les deux ouvrages d'Hamilton attirèrent l'attention des savants et des hommes de goût: mais le premier ne satisfît pas sous le rapport de l'exactitude des couleurs et de la pureté du dessin; l'autre, gravé par M. Clener, artiste habile, tombe peut-être dans l'excès contraire; il est souvent au delà de cette même pureté, et donne une idée fausse de la plupart des vases en les embellissant. On pourroit peut-être faire le même reproche à l'ouvrage de M. de Maisonneuve, que le même Clener a gravé en entier: cet artiste a un talent particulier pour ce genre de travail, son burin a une singulière pureté, et il donne à ses figures une grâce et une expression remarquables; mais son goût pour le style pur et pour le beau l'entraîne quelquefois trop loin: en lui donnant à graver la plus grande partie de notre collection, nous avons exigé de lui une extrême fidélité, et il n'a pas eu de peine à s'y astreindre ayant des dessins exacts sous les yeux. Il existe encore plusieurs collections inédites en Europe, telles que celles de Vivenzio à Nola, de MM. Tochon et Alquier à Paris, de M. Hope à Londres, celles des cabinets de Dresde, de Vienne, etc.; mais il n'en est aucune aussi considérable, aussi riche, et aussi intéressanté que celle du comte de Lamberg.
Ce seigneur étoit ambassadeur à Naples en même temps que le chevalier Hamilton, et partageoit sa passion pour ces sortes de monuments; il fit même entreprendre plusieurs fouilles à ses frais, et réunissant à ce qu'il avoit acquis, beaucoup de vases magni- fiques qui lui furent donnés en présent par la reine de Naples et par l'empereur Joseph, il composa une collection de plus de cinq cents vases, tous curieux sous quelque rapport, et importants par leur réunion. Les comtes de Lamberg sont fort anciens; ils ont fourni à la monarchie autrichienne un grand nombre de militaires et d'hommes d'état distingués. Aux vertus de ses ancêtres, le comte de Lamberg actuel joint un goût éclairé pour les arts; une partie de sa fortune et de son temps leur est consacrée: son cabinet de tableaux et de dessins est fort important; mais ce qu'il a soigné de préférence est la belle collection de vases qu'il nous a permis de publier. Les soins qu'il apportoit lui-même à suivre les fouilles, près de Naples, lui ont fait faire plusieurs observations curieuses. Un savant qui raccompagnent, et qui participoit à ses travaux, M. l'abbé Mazzola, a bien voulu réunir les principales de ces observations, et nous les communiquer sous la forme d'une lettre: nous pensons que le lecteur nous saura gré de les lui faire connoître.
Monsieur,
En causant dernièrement ensemble sur les vases, communément appelés étrusques, nous étions du même avis que leur antiquité devoit être très reculée, puisque, selon Suétone et quelques autres, ils étoient déjà du temps des Romains des objets rares et curieux-, et cela est d'autant plus probable qu'il ne s'en est pas trouvé de fragments dans les cités de Stabia, Pompeia, et Herculanum, toutes villes détruites du temps de Pline: on n'en rencontre même point dans les nombreuses fouilles faites soit à Rome, soit dans les campagnes environnantes. Mais je pense que ces sortes de vases sont encore plus anciens qu'on ne le croit communément, d'après ce que j'ai vu et observé dans les fouilles qu'a fait faire M. le comte de Lamberg, dans le voisinage de Nola, lorsqu'il étoit ambassadeur d'Autriche à Naples, et particulièrement dans les années 1783 et 1784, j'en concluois, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire, que ces monuments étoient antérieurs à la prétendue existence d'Homère, c'est-à-dire qu'ils remontoient à plus de trois mille ans, et cela en calculant la profondeur où ils se trouvent, et surtout la variété des différentes couches de terre à travers les- quelles on doit passer pour arriver à l'endroit où sont enterrés les morts, et auprès d'eux les vases.
Quelques unes de ces couches sont postérieures à l'inhumation des cadavres, et conséquemment bien des siècles avant Homère: quand ce poète parle de la Campagna felice, il la cite comme un pays très fertile, et tous ceux qui en ont parlé depuis ont dit la même chose. Si donc depuis le temps d'Homère jusqu'à nos jours la Campanie a toujours passé pour un pays fertile, il en résulte la con séquence que le sol que nous habitons est absolument le même que celui que Ton habitoit et que l'on cultivoit du temps de ce poëte.
Mais, cependant, depuis l'inhumation des morts avec leurs vases, il paroît qu'il a dû arriver dans la plaine de cette province une révolution telle qu'elle est devenue pendant long-temps stérile et inculte, et cela certainement bien des siècles avant Homère,
quoiqu'aucune tradition historique ne nous parle d'une pareille stérilité: voici sur quoi je fonde cette conjecture. J'ai dit plus haut que pour arriver où se trouvent les vases, on doit traverser divers lits de terre: le premier a environ cinq palmes napolitains de haut (ces mesures ont été prises à l'œil); il est de terre noire, végétale, et très fertile. Celte couche de bonne terre étant enlevée, on trouve une seconde couche de deux palmes de haut environ de terre blanchâtre, appelée par nos paysans terra maschia, qui est un composé de terres sablonneuses et de très petits fragments de pierre ponce; cette couche est tellement dure, compacte, et solide, qu'elle se creuse avec peine, qu'elle est impénétrable à l'eau, et qu'elle sert à établir les fondements de nos édifices. Cette couche-là levée, on en découvre une troisième, de trois palmes, de terre noire, excellente, et d'une qualité aussi bonne que la terre de la première couche-, c'est au dessous de cette troisième couche que l'on trouve les squelettes des morts entourés de vases. Cette troisième couche est vraisemblablement celle qui étoit habitée et cultivée par les peuples qui avoient coutume d'ensevelir leurs morts avec les vases en question; et les deux couches précédentes et supérieures, c'est-à-dire celles de terra maschia et de la bonne terre que nous habitons actuellement, se seront formées postérieurement à l'enterrement des morts. Toutes ces couches, sans interruption aucune, forment la plaine de la campagne heureuse. La couche de terra maschia est stérile au point qu'en faisant des fouilles nos paysans font attention de ne point la mêler avec la bonne terre pour ne point diminuer pour quelque temps sa fertilité. Il me paroît donc hors de doute qu'aussitôt après la formation de ce lit par alluvion (comme je le crois), ou par toute autre cause, la plaine de cette province a dû pendant des siècles devenir inhabitable, inculte, et stérile, jusqu'à ce que la terre végétale, dont nous jouissons à présent, se soit formée sur une hauteur suffisante; il a fallu sans doute plus d'un siècle pour en former un seul pouce: aussi le sol de la terre ne s'est-il pas élevé de plus d'un pied et demi depuis le temps des Romains jusqu'à nous, puisque les fondations de leurs édifices reposent sur les mêmes bases que les nôtres. Considérez, d'après cela, combien de siècles ont dû s'écouler jusqu'à ce que le lit de la terre que nous habitons se soit formé: assurément cette époque surpasse de bien long-temps l'antiquité homérique.
A cette antiquité antérieure au temps d'Homère, on pourra m'opposer la quantité de sujets retracés dans les chants de ce poète, et représentés sur les vases ; mais il faudra me prouver d'abord que la mythologie d'Homère étoit une invention de son génie et ne provenoit pas de tradition encore plus ancienne. Homère en effet ne fit autre chose que de réunir les idées mythologiques qui étoient reçues de son temps, ainsi que les finis des héros plus anciens; il les orna de descriptions poétiques, les habilla à sa manière, et leur donna une forme et une vie nouvelles, comme le font encore les poètes de nos jours. D'ailleurs, combien de sujets se trouvent représentés sur les vases, et dont Homère ni d'autres écrivains ne font point mention; comme, par exemple, le combat de Neptune avec Ephialtès, que j'ai eu l'honneur de vous faire voir, et qui fait partie de la collection de M. le comte Lamberg. Qui auroit jamais pu deviner ce sujet, si les noms de Poséidon et Ephialtès ne s'y trouvoient écrits? Ce sujet devoit cependant avoir quelque célébrité dans le temps où l'on fabriquoit ces vases, puisqu'il se retrouve sur un autre vase de la même collection, quoique traité différemment-, ce second Neptune est revêtu d'un habit court, tandis que le premier porte la tunique longue, tunica talaris. J'ai dit, je crois, que le lit de terra maschia s'est formé par le séjour de l'eau, et ce qui le prouve, c'est que ce lit se trouve étendu également sur toute la plaine de la province, et qu'il n'existe point sur les montagnes, comme j'ai eu occasion de l'observer dans les fouilles faites à Avilla, à une demi-poste de Nola. Ce lit ne peut provenir d'explosions volcaniques; car alors il ne seroit pas égal partout, et on devroit trouver sur les montagnes voisines une couche correspondante, tandis qu'au contraire on ne rencontre au dessous de la terre végétale qu'une couche de pierre ponce qui correspond au quatrième lit de la plaine, ainsi qu'il existoit sans doute avant la formation des deux couches supérieures.
C'est ce qui fait que lorsque l'on fouille pour trouver des vases, si après avoir enlevé le lit de terra maschia, et découvert la terre végétale, on voit que cette dernière n'est pas mêlée avec les petites pierres ponces, qui forment le quatrième lit dont nous avons parlé, il est inutile de poursuivre la fouille, parcequ'on ne trouvera point de squelettes humains, et conséquemment point de vases, surtout si sous ce lit de pierres ponces, que Ton sait être une production volcanique, on n'en trouve pas un autre de pouzzolane [29].
On me demandera, j'imagine, d'où vient que du temps des Romains ces vases étoient tellement rares qu'ils étoient plus estimés que les vases murrins, et qu'à présent ils sont très abondants. Il me paroit facile de répondre pour peu que l'on fasse attention à la manière de bâtir d'alors: les toits des maisons étoient couverts de briques de terre cuite, et nous nous les couvrons avec un composé de pierres ponces et de chaux qui forme un enduit impénétrable à l'eau; nous nous servons encore de la pierre ponce pour enduire les citernes et les conserves d'eau, et les Romains, pour pareil usage, se servoient de chaux et de petits morceaux de terre cuite, comme je l'ai observé dans la piscina mirabile, et dans d'autres conserves d'eau, et particulièrement dans File de Caprée, où il s'en trouve qui conservent encore parfaitement l'eau. D'après cela, il paroit que les Romains ne se sont jamais servis de la pierre ponce, qui, étant devenue pour nous d'une absolue nécessité, fait que nous l'avons cherchée partout, et que nous avons découvert en même temps les vases.  Dans les observations précédentes, j'ai omis de vous parler d'aucun tombeau; et en effet, la plupart des squelettes sont enterrés simplement dans la terre sans aucune construction. Je n'ai trouvé qu'un seul tombeau construit en petit mur fabriqué; il étoit suffisamment grand, et dans l'intérieur il avoit un enduit blanc, excepté du côté où étoit la tête du squelette: on y voyoit une femme peinte à moitié stature-, elle avoit dans la main une grenade rouge, sa figure étoit couleur de chair-, fhabit, autant que je puis m'en souvenir, d'un jaune obscur. Le tombeau renfermoit de plus d'autres pommes de grenade en terre cuite, deux bracelets de laiton ou de cuivre jaune, que je conserve encore, et quelques petits morceaux d'ambre percés-, peut-être étoit-ce les fragments d'un collier: l'enduit étoit extrêmement mou et tendre, et cédoit au moindre toucher. On fit l'impossible pour conserver cette peinture, mais inutilement, parcequ'à mesure qu'elle se desséchoit l'enduit disparoissoit, ainsi que les signes des contours, et il n'y eut pas moyen de faire revivre les couleurs. Dans une autre fouille, nous trouvâmes une enceinte de muraille construite, et nous en découvrîmes presque deux toises en carré; elle étoit remplie d'ossements jetés confusément. Du reste, comme je l'ai déjà dit, on trouve les squelettes simplement enterrés dans la terre, et les vases sont placés aux pieds, près des jambes, autour de la tête, et aux côtés.
J'ai encore observé, et cela très souvent, un petit las de rouille de fer sur les têtes des squelettes, tantôt sur le front, sur la bouche, ou sur le menton, et je fus long-temps à comprendre d'où pou- voit provenir cette rouille de fer. En examinant avec plus d'attention un de ces tas, où le fer n'étoit pas totalement décomposé, je parvins à découvrir que c'étoit une boucle, et il me vint à ce sujet une idée que je soumets à votre sagesse.
Comme on l'a vu, les anciens habitants de cette province enterroient leurs morts purement et simplement dans la terre sans sépulcre: ne se pourroit-il pas qu'ils les eussent enveloppés d'abord dans un drap, ou mis dans un sac, dont ils fermoient l'ouverture avec une boucle, et qu'après avoir étendu le cadavre sur le dos dans la fosse, ils eussent replié sur la tête toute la partie du sac qui surpassoit la longueur du mort; alors les sacs ou les morts n'étant pas d'une longueur égale, il en devoit nécessairement résulter que la boucle devoit tomber ou plus haut ou plus bas que le front.
A Avilla, ou à Santa Agata dei Goti, et peut-être ailleurs, on ne trouve point de squelettes enterrés dans la terre} ils sont tous renfermés dans des sépulcres: ces sépulcres sont rarement de brique ou terre cuite, mais d'une pierre de production volcanique, que nous appelons piperno ou pierre travertine. A Santa Agata, il arrive souvent, qu'après avoir enlevé le premier tombeau, il s'en trouve un autre, et puis un troisième plus avantj de sorte que les ouvriers aux fouilles ont une longue tarière avec laquelle, après qu'ils ont enlevé le premier sépulcre, ils percent la terre jusqu'à une certaine profondeur: ne rencontrant aucune résistance, ils fouillent plus avant- mais si la tarière rencontre quelque obstacle et ne peut plus s'enfoncer, c'est signe qu'il y a un autre tombeau.
Dans le second volume des oeuvres de d'Hancarville, sur les vases du chevalier Hamilton, page 55, on voit représenté un tombeau avec un squelette et un vase. De quel lieu a-t-on pu tirer cette représentation? Je n'en sais rien-, mais je sais bien que les sépulcres que j'ai vus à Avilla et à Santa Agata dei Goti n'étoient pas aussi grands-, ils étoient seulement suffisants pour recevoir de grands vases à campana, qui paroît avoir été la forme favorite d'Avilla et de Santa Agata. Cette forme de cloche, à ma connoissance, manque totalement à Nola et à Capoue, où domine au contraire la forme à lancella, qui présente souvent de très beaux vases, tant par la finesse de l'argile que pour le vernis et le dessin  Voilà à peu près les observations qu'il m'a été possible de faire sur les fouilles de Nola et des environsj elles tendent toutes à me persuader que les vases, communément nommés étrusques, remontent à l'antiquité la plus reculée, puisqu'on ne trouve ni mémoire ni tradition aucune de l'époque où ils ont été fabriqués.
Vincenzo MAZZOLA.

Nous laissons aux physiciens à juger jusqu'à quel point les conjectures de M. l'abbé Mazzola peuvent être fondées; mais, sans recourir mène à de pareils arguments, il est impossible de douter que les vases n'appar- tiennent au temps le plus reculé de la Grèce: ils ont les mêmes formes que les vases représentés sur les médailles anciennes de Crotone, de Sybaris, et de Posidonie, et offrent des sujets uniquement pris dans les traditions historiques ou mythologiques de la Grèce. Les inscriptions qu'ils portent sont toutes du grec le plus pur, et souvent de cette écriture primitive qui alloit de droite à gauche, et qui ne se rencontre que sur les plus anciens monuments. Nous ne nous étendrons pas davantage sur l'origine, la forme, et la destination des vases, ce sujet ayant été traité avec beaucoup de détail et de soin par les auteurs dont nous avons parlé, et ne demandant plus que d'être appuyé par de nouveaux exemples. Sur les cinq cents vases qui composent la collection du comte de Lamberg, nous avons choisi ceux qui offroient le plus d'intérêt, soit sous le rapport des sujets qu'ils représentent, soit pour le caractère du dessin, ou la beauté de la matière et des formes.
La gravure au lavis, qui n'avoit point encore été employée à la publication de ces monuments, nous a paru la seule qui puisse en donner une juste idée, et produire cette teinte égale dans les fonds que Ton ne peut obtenir par les couleurs appliquées à la main. Les monuments de l'antiquité sont trop précieux pour qu'on ne cherche pas à retracer leur moindre détail. Puissions-nous avoir atteint ce but, et avoir mérité d'être imité par les amateurs des arts qui publieront par la suite des collections encore inédites, et augmenteront ainsi les connoissances déjà acquises sur cette branche importante de l'antiquité.




DESCRIPTION DES VASES.




PLANCHE PREMIERE.



INTERIEUR DU MUSEE DE M. LE COMTE DE LAMBERG.

On a souvent remarqué que l'assemblage de tableaux et de statues dans une même galerie produisoit un constraste défavorable aux uns et aux autres; comparés involontairement, les tableaux semblent manquer de relief, les statues de couleur et d'action. Il en est de même des vases peints, et de toute branche particulière d'antiquité que l'on voudra confondre avec d'autres; elle perdra cet ensemble, cette idée d'ordre et de classement qui a toujours de l'intérêt. La collection magnifique de M. le comte de Lamberg est rangée avec goût dans plusieurs fort belles salles, dont la principale est représentée sur cette planche. La disposition des vases rend faciles l'étude et la compa- raison de ces précieux monuments, et rappelle même, sous ce point de vue, leur ancienne situation; car, ainsi que nous l'avons observé, un des côtés des vases, destiné à faire face à la muraille, présentoit rarement une peinture intéressante.







Planche 1


PLANCHE II

Ces deux beaux vases sont de la même grandeur que les originaux; ils font connoître deux époques de Fart tout à fait différentes. Le premier, par sa forme simple, sa couleur, et le style des figures, rappelle, sinon l'enfance du moins le temps de l'art qui précéda sa perfection; période où une simplicité noble, sévère, et quelquefois même un peu barbare, tenoit lieu de la grâceet de l'harmonie qui distinguent les ouvrages des siècles suivants. Ce vase offre la forme primitive de l'œuf, auquel on n'a fait qu'ajouter au col une légère inflexion en le soutenant par deux anses communes et petites : point d'entourage au sommet, ni de méandre dans le bas; et cependant une riche bordure, et un double sujet qui montre que ce vase avoit été fait avec grand soin, et devoit être d'une grande valeur. Il a été trouvé en Sicile, et nous expliquerons à la planche suivante le sujet qu'il représente. Le vase n° 2 est aussi riche, aussi élégamment orné que puisse être un semblable ouvrage; ses anses sont garnies de boutons disposés avec art, qui prouvent le soin qu'on avoit apporté à son exécution. Le sujet qu'il représente est de peu d'impor- tance : c'est un satyre qui offre à un autre la coupe bachique; celui-ci est assis sur une espèce de cippe pour montrer sa supériorité: derrière lui est le gratus iacho crater [30] dans lequel il a puisé la liqueur qu'il présente à l'autre satyre. Cette peinture, qui appartient au meilleur temps de l'art, retrace vraisemblablement le tableau décrit par Pausanias, où un satyre offroit à Bacchus un semblable vase plein de vin [31]. Le champ est rempli d'ornements délicats qui lient agréablement la composition; la couronne de myrte, à gauche, quoique fort en usage dans les bacchanales, est ici moins une attribution du sujet qu'un moyen inventé par l'artiste pour remplir l'espace qui se seroit trouvé entre les figures; il en est de même du thyrse que tient le satyre à droite. Quand on remarque sur les vases ces sortes de finesses de détails, et que du reste les figures sont d'un dessin correct, on peut hardiment les rapporter au plus beau temps de l'art.










Planche 2


PLANCHE III.
La face principale du vase n° 1 nous offre un guerrier dans un char, ayant à sa droite, comme c'étoit l'usage, son écuyer, hviocos, ou armiger [32], qui conduit ses chevaux; il est entouré de ses femmes ou de captives, et précédé d'un enfant nu. Nous croyons reconnoître dans cette peinture le départ de Memnon pour le siège de Troie. On sait de quelle réputation jouissoit ce prince, dont l'ar- rivée et les exploits balancèrent quelque temps la fortune des Grecs, et retar- dèrent la prise de la ville [33]: plusieurs monuments nous le représentent dans diverses circonstances, entre autres le beau vase grec où l'on reconnoît son combat avec Achille [34].
Pausanias, en décrivant les peintures de Polygnote dans le Lesché, dit que cet artiste a voit représenté Memnon avec une grande barbe, et qu'il avoit placé près de lui, pour le mieux faire reconnoître, un jeune Ethiopien entièrement nu [35]. Ce sujet est répété sur notre vase; on y voit Memnon armé en guerre, portant la barbe, et précédé d'un jeune homme nu; circonstance qui ne peut s'appliquer qu'à ce seul sujet. Pausanias ajoute que ce prince partit de Suse pour le siège de Troie, et soumit à son empire toutes les nations qu'il trouva sur son passage [36]; c'est ce qui me semble indiqué par les figures à pied qui précèdent ou accompagnent le char, comme pour orner une marche triomphale. Les deux cotés du vase représentent le même sujet; mais dans l'un les figures ne sont point aimées, et l'artiste a peut-être voulu indiquer par là l'arrivée de Memnon à Suse, tandis que sur l'autre face il a figuré son départ pour la guerre de Troie. Memnon dans le dernier a la tête couverte d'un de ces casques surmontés d'aigrettes [37] rouges, que l'on rencontre seulement sur les plus anciens vases, et qui paroit avoir appartenu aux premiers temps de la Grèce; il tient, comme dans Homère, un vaste bouclier qui le couvre des pieds jusqu'à la tête [38]. Le guerrier qui l'accompagne à pied tient un bouclier rond, dont le omfalos [39], est peint en blanc; il porte un casque qui lui couvre entièrement le visage, ainsi qu'on le remarque sur les plus anciennes peintures [40]. L'équipement des chevaux est conforme aux traditions connues [41]; mais le costume des figures à pied, et principalement des femmes, est singulier, et tel qu'on ne le voit que sur les plus anciennes statues grecques ou étruques [42]: il consiste dans un ma nteau rayé de plusieurs couleurs, et orné de pierres précieuses [43]. La tête des femmes est ceinte d'un bandeau, et leurs cheveux tombent négligemment sur leur cou, ainsi qu'on le voit dans plusieurs monuments [44]. Ce vase est exactement de même grandeur, de même forme, et orné de la même bordure que celui qui représente le combat de Thésée avec le Minotaure, auquel Lanzi attribue [45]1'une si haute antiquité; il n'a pas moins d'analogie, quant au costume des personnages et au caractère du dessin, avec le vase d'Antiphatès, publié par d'Hancarville, et où les inscriptions sont écrites de droite à gauche [46]: en un mot tout semble concourir à faire regarder ce monument comme un des plus précieux de ce genre.


Planche 3


PLANCHE IV.

Ces deux vases sont de l'espèce de ceux que l'on connoît en Italie sous le nom de campana, cloche; l'un à anses élevées, manichi alti, l'autre à anses basses: ils ont été trouvés dans la Pouille, où cette forme paroît avoir été commune; ils sont chacun ornés d'une bordure de myrte au dessous du rebord, qui rappelle l'usage où l'on étoit d'entourer ainsi les vases dans les sacrifices et dans les fêtes de Bacchus [47]. Au dessous des peintures régnent le méandre et le labyrinthe. Le revers de ces deux vases semble indiquer les premiers pas vers l'initiation; et ce qui le feroit croire principalement, c'est le rapport qui existe entre ces revers et le coté principal de chacun des vases. Sur le n° 3, une femme, vêtue d'une simple tunique, tenant à la main une de ces bandelettes symbole de la pureté de l'ame, et dont on ornoit les temples des dieux, vittataque temple [48], s'avance vers une autre femme, plus grande, plus imposante, couverte d'un riche manteau, et tenant un thyrse à la main: la jeune femme a l'air de demander à celle-ci une faveur, ou de répondre à ses questions. Le vase n° 4 offre deux figures en manteau, les pieds nus comme dans les premières épreuves de l'initiation, et s'avançant appuyées sur le bâton du voyageur, pour signifier le commencement des épreuves et le voyage mystique qui doit les suivre.


Planche 4


Planche 5


Planche 6


PLANCHE V.
Cette femme majestueuse, que nous avons observée sur le revers de ce vase, debout, et vraisemblablement à la porte du sanctuaire, est ici représentée assise, et dans l'intérieur d'un édifice, ce qu'indique la bandelette suspendue dans le fond; c'est la reine des sacrifices, regina sacrorum, l'antistite, ou peut- être la déesse Libéra elle-même. Elle tient à la main le même thyrse qu'elle a sur le revers; mais elle y a ajouté une petite branche de myrte, symbole de l'initiation [49]: elle a la même coiffure, mais entourée de la couronne radiée ou diadème mystique [50]. Son peplus est abaissé sur ses genoux, ainsi que dans  la position de toute personne assise, et son bras gauche s'appuie sur le tam bour, dans l'attitude de Cybèle, dont le culte avoit beaucoup d'analogie avec celui de Baccbus [51]. Le génie des mystères, couronné également de rayons, s'avance vers la prêtresse en tenant à la main le cep de vigne [52]; il semble prendre ses ordres, et lui dire cette formule rapportée par Firmicus [53]: Salut, épouse, salut, etc. etc. Deux satyres, ministres des sacrifices et tenant des thyrses fleuris [54], sont autour d'elle attentifs à la servir; l'un apporte la ciste mystique5 de Baccbus, l'autre a le pied levé [55] pour marquer l'attention, et le bras gauche enveloppé de la nébride si chère à Bacchus [56]: celui-ci semble recevoir l'ordre d'introduire l'adepte dans l'intérieur du sanctuaire. Près de la prêtresse on voit l´acerra ou cassette [57] des sacrifices, qui est toujours représentée ainsi à demi ouverte sur les monuments. La grâce de cette composition est encore augmentée par la pureté des formes et la beauté de l'exécution.


PLANCHE VI.
Nous avons observé que le coté le moins important de ce vase indiquoit les premiers pas vers l'initiation; celui-ci ne représenteroit-il pas, sous une forme allégorique, les dernières épreuves ou plutôt la récompense qui suit l'accomplissement de ces derniers travaux? On y remarque deux Victoires sans ailes, apteros [58], qui donnent à des jeunes gens le prix qu'ils ont remporté dans les jeux, niketeria [59]: le premier reçoit une couronne de myrte ou de laurier, signe ordinaire de la victoire; l'autre une bandelette, prix usité aux jeux qui se célébroient à l'isthme de Corinthe [60], et qui ornoit le front des vainqueurs:
Puniceis ibant evincti tempora tœniis [61].
Phidias avoit aussi placé dans la main droite de Jupiter Olympien une statuede la Victoire qui présentait une bandelette [62]1; et la statue d'Hippodamie, suivantPausanias, avoit à la main une bandelette pour en orner le front de Pélops [63].C'est ici à la fois une image réelle des victoires aux jeux de la Grèce qui distinguoient si brillamment les jeunes gens, et une allégorie relative aux initiations. Le premier jeune homme qui reçoit la couronne semble par sonattitude n'avoir pas terminé ses travaux; tandis que l'autre arrivé au butindiqué par la colonne sur laquelle il s'appuie, et dans une posture qui annonce le repos [64], reçoit le dernier signe et la dernière récompense de ses efforts. Les deux Victoires sont vêtues de la tunique [65] à deux manches, amfimascalos [66], formant de longs plis serrés; l'une a gardé son peplus, mais l'autre,obligée de se servir des deux mains pour attacher la bandelette, l'a déposésur la colonne; nouveau signe que les travaux sont terminés. Cette bande-lette n'a point la forme des bandelettes mystiques des initiations, mais biencelle dont on se servoit dans les jeux.


























































































[1] Plutarch, Conviv. sept. Sap., p. 347.
[2] DEMPSTER, Etruria regalis; Florentiae, 1723, in-fol., 3 vol. Gori, Muséum etruscum, 3 vol. in-fol. CAYLUS , Recueil d'antiquités. MONTFAUCON, supplém. au t. III, Antiq. expliq., 1757, in-fol. PASSERI, Picturœ etrusc, Romae, 1767, 3 vol. in-fol. D'HANCARVILLE, Antiquités étrusques, grecques et romaines, 1766-1767, 4 vol. in-fol.
[3] Pline parle en effet avec éloge des vases d'Arezzo, et les compare à ceux de Samos et de Sagonte, qui passoient pour les meilleurs connus de son temps : lib. XXXV, c. xii. S. Isidore, en décrivant cette sorte de poterie, s'exprime ainsi: Aretina vasa in Aretio municipio Italiœ dicuntur, ubifunt: sunt enim rubra. Unde sedulius. Rubra quod appositum testa ministrat olus. Ces vases sont couverts de bas-reliefs, en saillie très forte, et portent tous le nom de la fabrique en carac- tères romains, chose qui ne ressemble en aucune ma- nière aux vases grecs que nous connoissons. VOY. GORI, Diss. del alf. etrus.; LANZI, Vasi dipinti, c. viii, p. 37; S. ISIDOR., de Orig., lib. XX, p. 273.
Le savant Lanzi a rapporté ce qu'il avoit connu des vases d'Arezzo; je vais rendre compte de ceux de Sagonte, et surtout de ceux de Tarragone, dont les fabriques étoient supérieures peut-être à celles de Sagonte. J'ai publié plusieurs de ces fragments curieux dans le Voyage pittoresque d'Espagne, tom. I, et j'ai indiqué le nombre de fabriques que l'on avoit comptées dans cette dernière ville, se montant dans les différents temps à plus de douze cents. La terre de Sagonte  est de deux espèces; la première, et la plus précieuse, est d'un rouge foncé et quelquefois jaspé, imitant, par le poids et par le vernis, notre faïence, et ressemblant à une sorte de poterie que l'on fait en Portugal. Le vernis qui couvre ces vases est aussi ferme, aussi brillant que celui de la plus belle porcelaine. Les vases composés de cette matière faisoient vraisemblablement l'office de plats, d'assiettes, de pots pour contenir les liqueurs; car on ne retrouve point en eux de signes qu'ils aient servi à cuire les aliments : ils sont ornés de bas-reliefs, de bordures élégantes, et portent tous la marque de la fabrique d'où ils sortent. Ces vases étoient composés d'une terre rouge, ferme et vernissée, meilleure, peut-être, pour les usages domestiques, que celle des plus beaux vases peints, mais très différente. La seconde espèce, moins soignée que la première, est d'une couleur cendrée et jaunâtre, sans sculpture, et seulement ornée d'un liseré. Les vases de cette matière n'ont de vernis qu'à l'extérieur; ils sont moins fins que les autres, et paroissent avoir servi de pots au feu, de casseroles. Ces deux espèces de poterie étoient très estimées des Romains, et se vendoient dans toute l'Italie; Martial en parle souvent:
Sume saguntino pocula ficta luto. lib. XIV, ep. 108.
Ficta saguntino cymbia malo luto. lib. VIII, ep. 6.
Le même poète, en parlant des présents qu'on avoit coutume de faire aux avocats, ajoute:
Et crasso jiguli polita cœlo Septenaria synthesis Sagunti Hispanœ luteum rotœ toreuma.
lib. IV, ep. 46.
Pugna saguntina fervet commissa lagena.
Juven. , Sat. V, v. 29.
[4] Passeri, Picturœ Etruscorum, in-fol
[5].Tischbein, seconde Collection d'Hamilton; Naples, 1791-1803, 4 vol. in-fol.
[6] D'Hancarville , Antiq. étrusq., grecq. rom., 4 vol. in-fol.
[7] Monuments antiq. inéd., t. I. i.
[8] De Vasi dipinti dissertazioni tre.
[9] Visen-Gemœlde, 3 vol. in-8°.
[10] Museo Pio Clementino, et différentes dissertations.
[11] Vises antiques, publiés par M. Dubois-Maisoneuve, 2 vol. in-fol.
[12] Quidquid Grœcia mendax
Audet in historia
[13] S. AUGUSTIN, de Civit. Dei, lib. VII, cap. xx; CLEMENT D'ALEXANDRIE, Stromat., lib. V, p. 675 et 689; ESCHENBACH., de Poesi orphica, p. 11; VIL-LOISON, de Mys. vet. com. dans l'ouvrage de M. de Sainte-Croix, p. 229.
[14] D'Olivet, Théologie des Philosophes grecs,. P. 226 et 302. Le savant Olearius prétend avec raison que le poëte Hésiode, dans sa Théogonie, n'a fait que  présenter les objets principaux de la nature sous la forme des dieux: De principio rerum naturalium ex mente Heracliti, p. 85a; et avant lui, Diaconus, de Hes. theog., p. 229.
[15] S. Augustin, de Civit. Dei, 1. VI, c. in; Cicéron, Tuscul., 1. I, c. xii, ep. i3 ; denat. Deor., I. T, c. xliii.
[16] Les histoires de Cérès, de Pluton, et de Proser- pine, sont les mêmes que celles d'Osiris, d'Isis, et de Typhon, ainsi que les cérémonies qui avoient lieu dans leur culte: Plutarq., de Is.et Os., 27.  (37.
[17] HERODOTE, lib. II.
[18] DIODORE, lib. I, 96; lib. III, 69.
[19] PORPHIRE, fragme. de styge ap. stobœum, lib. I, p. 142.
[20] ISOCRAt., pag. 90; Cicer., de Leg., lib. II, 14 ; Arist., Eleus., 259; Ant., I, ep. 28.
[21] AESCH., de Morte, p. 61.
[22] PROCL., ad Platon, polit., p. 3og.
[23] Aristoph., Ran., v. 457.
[24] La tête de Diagoras fut mise à prix, parcequ'il avoit révélé l'objet secret des cérémonies de Cérès, et s'étoit permis des plaisanteries à ce sujet: Aristoph., Aves., v. 1073; Suid., in V. Aiocyoçocç. Alcibiade, accusé d'avoir représenté dans le poecile les mystères d'Eleusis, et d'avoir fait les fonctions d'hiérophante, fut traduit au tribunal des Eumolpides, et ne fut absous que long-temps après : Plutarq., vie d'Alcibiade. Le poète Eschyle , également poursuivi pour avoir, disoit-on, présenté sur la scène des objets mystérieux, ne put se justifier qu'en prouvant qu'il n'étoit pas initié : Clément d'Alex., Strom., lib. II, p. 401.
[25] Diodore de Sicile dit qu'il n'étoit défendu de révéler que les détails de chaque mystère: lib. III, 61; et Sénèque compare la philosophie à l'initiation, dont une partie seulement étoit réservée aux adeptes, mais le reste connu des profanes: Senec, ep. XCV; Sainte-  Croix, Myster. du pagan., pag. 341.
[26] Avant l'entrée au temple: Eurip., Son.y v. 94; les sacrifices: Homère, IL, A, v. 4495 et même les simples prières : Sophocl., OEd., col. 460; Eurip., Alcest., 157; Clém. d'Alex., Strom., lib. VI; Lomeier, de lus- trationïbus, p. i5a. 
[27] Pausanias, Cor., c. xxxi, p. i85; Athen., XV, p. 681 ; Pollux, VIII, 7, 65.
[28] D'après les savantes observations de MM. Lanzi et Visconti, on est convenu de ne plus voir dans ces figures ni les candidats à la charge d'archonte, comme le vouloit Italinski avec peu de fondement, ni les jeunes gens prenant la robe virile et initiés aux mystères, suivant Passeri, ou des spectateurs et autres sujets insignifiants, comme le pensoit M. Boettiger; mais bien les exercices du gymnase, et la réunion des élèves et des maîtres, qui portoient en effet des manteaux semblables, et avoient dans leurs séances un maintien grave. Les vases peints, disent les savants qui partagent cette opinion, étoient donnés aux jeunes gens, pendant le cours de leurs études; ils représentoient des sujets intéressants de l'histoire héroïque, des victoires dans les jeux qui pouvoient exciter leur cœur à la vertu. Ces petits monuments leur rappeloient le souvenir de leur enfance; ils étoient conservés par eux avec soin, et les accompagnoient dans la tombe. Sans doute cette explication est ingénieuse, je pense même qu'elle est souvent applicable; mais il est prouvé, surtout par la collection du comte de Lamberg, qu'il est bien des cas où elle n'est point admissible. Comment, par exemple, attribuer à l'intérieur du gymnase, et aux exercices qu'on y faisoit, ces revers des vases qui représentent un jeune homme offrant un œuf lustral, symbole uni- quement consacré aux mystères, un autre tenant un strigile, une couronne de bandelettes, et plus souvent un bâton? comment expliquer les femmes qui s'y trouvent dans les mêmes positions? Mais cette explication devient encore plus difficile, lorsque de l'autre côté des vases on retrouve ces mêmes jeunes gens avec leurs bâtons, et les femmes avec les draperies ornées de la même manière, et prenant part à une action tout à fait étrangère à des exercices gymnastiques. Il me semble qu'il faut alors chercher à ces figures une autre intention, et celle qui me paroit leur convenir davantage est la cérémonie de la purification, lustratio. La manière dont les jeunes gens tiennent le manteau, et la canne qu'ils portent la plupart, et qui se retrouve souvent de l'autre coté du vase entre les mains de plusieurs initiés, est sans doute un signe de respect et d'humilité convenable au rôle qu'ils jouent, et à la cérémonie à laquelle ils se soumettent. Alors on conçoit pourquoi quelques unes de ces figures tiennent des œufs, signe particulier de l'expiation, et qui représente la pureté morale que l'on cherche; il en est de même du strigile, de la couronne de myrte, et des bandelettes. Il est alors tout simple que plusieurs jeunes gens se voient à la file l'un de l'autre; que des femmes y figurent dans les mêmes attitudes, ces cérémonies étant communes aux deux sexes. Sans doute les représentations dionysia- ques que l'on remarque sur les vases ne sont pas réellement les grands mystères, qu'il n'eût pas été permis de livrer ainsi à la curiosité; mais il faut pourtant convenir que les trois quarts des vases ont un aspect mystique qui ne peut avoir rapport qu'à la philosophie occulte des anciens; et si véritablement leurs peintures ne retracent point les cérémonies cachées, au moins pouvoient-elles indiquer, ainsi que nous l'avons dit plus haut, les démarches préparatoires qui étoient connues de tout le monde. Il est d'ailleurs vraisemblable, d'après la belle conservation des vases que l'on déterre, que même, du temps de la vie de leur propriétaire, ils étoient renfermés dans un lieu caché, et séparés de la vue des profanes; alors rien ne s'opposoit à ce qu'ils ne représentassent une grande partie des cérémonies particulières aux initiations.
[29] Le mélange de pierre ponce avec la terre vient de ce qu'en trouve mêlée avec la terre; et cela indique que l'on trouvera un faisant la fosse, la pierre ponce, remuée et rejetée de nouveau, se corps enseveli.
[30] Manilius, Ast. lib. I.
[31] Pausanias, Attiq., lib. I, c. xx.
[32]     equorum agitator Achillis
Armiger Automedon Virg., AEn., II, v. 476.
[33] HOMERE, Il.; QUINTUS DE SMYRNE, Paralip., II, 234; Ovid., Metam., 13. On connoit toutes les merveilles attribuées à la statue de Memnon.
[34] Millin, Peint, antiq., t. I, pl. XIX, XX.
[35] Phocide, lib. X, c. xxxi.
[36] lbid.
[37] Cristaque tegit galea aurea rubra
VIRG., AEn., IX., 50.
Cristasque rubentes. Id., v. 270.
Les Cariens portaient cette crête rouge, ce qui les faisoit nommer Alektruonas: PLINE, Hist. nat.s XI, 37. Il en étoit de même des Espagnols: DIONOR. , V. 3i. Les aigrettes des casques étaient ordinairement de crins de chevaux (ippokomoi koruqes) que l'on teignoit de différentes couleurs: SOPHOCL., Ant., V, 117.
[38] lliad., c. VI.
[39] lbid.
[40] TlSCHBEIN, t. IV, pl. XVIII.
[41] On y reconnoît les falara, les paraknhmidea; le frein, calinos; le poitrail, et les rênes. POLL., X, 11. 
[42] Statues du Muséum cortonense, pl. V; et des Ant. d'Eercul, t. III.
[43] lbid.
[44] TlSCHBEIN, IV, pl. LX; d'HANCARVILLE, t. I.
[45] LANZI, Vasi dipinti.
[46] Tome I.
[47] Cetoit souvent de la vigne.
Lenta quibus torno facili superaddita vitis
Diffusos edera vestit pallente corymbos. VIRG., egl. III, 36.
[48] Sil. Ital., VIII.
[49] Scholiaste cl'Aristophane, Ronae, 333, et plus haut 3:27, où il est question de satyres couronnés de myrte.
[50] Ces couronnes étoient dans l'origine faites avec des branches de palmiers, dont les feuilles formoient comme des rayons autour de la tête de initiés: Apul., lib. XI, v. 287; cetoit des signes de la divinité: Pascalis, de Cor., IX.
[51] Museo Pio-Clement.,t. 1,40. Tympanum tubam Cybelle, tua, mater, initia: CATUL. DE BER. Tumpana kai qurson bwmion: PHILIPP., in Anthol., lib. IV, 12.
[52] Ce génie des mystères représente souvent les compagnons de Baccbus, Aratus et Ampelos, transformés par ce dieu en génies: NONNUS DION., XVII.
[53] Ac. des Insc.y XXIII, 253.
[54] Frondentes sumere thyrsos jesserat.
Ovid. , Met., IV, 7.
Fronde virentes conjiciunt thyrsos.
Id., Met., XI, 27.
EURIPID., inBacch.y 176.
[55] Kistoforos: Plutarch., de Cup. div.; Suidas, in Kistoforos. Spanbeim veut que la ciste mystique soit la même que la mystica vannus lacchi de Virgile, Georg., I, 166; mais Winkelmann a prouvé qu'elle en diffère entièrement: Monum. ined., I, 46.
[56] Stans summos resupinus usque in ungueis: MART., XII, 78; JUV., Sat. X.
[57] Nezridostolen: ORPH., in hymn. Trieter.; EUR., in Bacch., 834; nezcridopeplon, ANON., in Anth., edit. Brod., p. 82.
[58] PAUSANIAS, lib. III, c. xv, et lib. V, c. xxvi.
[59] EURIPID., Ion v. 852.
[60] PAUSANIAS, lib. IX, p. 753; Pindare, Olymp., IX, 147
[61] VIRG., Aeneid., lib. V, 268.
[62] PAUSANIAS, lib. V, p. 400. Suivant le même auteur, la statue de Polyclès, vainqueur à la course des chevaux, tient la bandelette à la main, te dexia tainian: lib. VI, p. 452, I. On voit plusieurs vases où les vainqueurs aux jeux tiennent des bandelettes: TISCHBEIN, m, p. 48.
[63] Lib. VI, p. 454.
[64] Wwkelmann, Traité pré Uni. du Dessin; Mon. ant. inéd., p. 48.
[65] Meursius sur la Cassandre deLycophron,v. 1100.
[66] Hesch., au mot amfimacalos, t. I, col. 304. Il est aussi question de ce genre de tunique dans Pollux, II, 138, et VII, 47. On la nomme ekateromascalos.